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Les banques chypriotes resteront fermées jusqu'à jeudi

Initialement prévue mardi, la réouverture des banques chypriotes n'interviendra pas avant jeudi. Le pays a évité la faillite grâce à un plan de sauvetage lourd de conséquences pour les deux principaux établissements bancaires de l'île.

Les banques chypriotes ne rouvriront finalement que jeudi 28 mars. La Banque centrale avait initialement annoncé que toutes les banques, sauf les deux les plus importantes, la Bank of Cyprus et la Laiki Bank, fermées depuis le 16 mars, seraient rouvertes mardi après une fermeture de dix jours devant la menace de retraits d'argent massifs. Le ministre chypriote des Finances, Michael Sarris, a pris la décision de prolonger la fermeture des banques sur les conseils du gouverneur de la Banque centrale, dans le but "d'assurer le bon fonctionnement de tout le système bancaire", indique un communiqué. 

Le président de Bank of Cyprus démissionne

Le président de Bank of Cyprus, principale banque du pays, a démissionné mardi 26 mars dans la foulée du plan de sauvetage conclu entre Chypre et les bailleurs de fonds européens, prévoyant la restructuration du secteur bancaire.

Selon l'agence de presse chypriote CNA, Andreas Artemis a remis sa démission qui sera transmise au Conseil d'administration dans la journée.

Selon des sites internet locaux, M. Artemis a démissionné pour protester contre les modalités d'absorption par Bank of Cyprus de Laïki Bank, la deuxième banque, qui sera mise en liquidation.

Il serait également irrité par la désignation par la Banque centrale d'un administrateur, Dinos Christofides, chargé de restructurer Bank of Cyprus, sans que le Conseil d'admnistration en ait été informé et par la décision de vendre des succursales en Grèce. (AFP)

Lundi 25 mars, l’île a été sauvée in extremis de la faillite grâce à un plan de sauvetage de dernière minute dont les deux principaux établissements bancaires du pays ont payé le prix fort. L'accord mis au point prévoit en effet des "décisions douloureuses pour sauver le pays de la faillite", a estimé le président chypriote conservateur Nicos Anastasiades, en promettant lors d'une allocution télévisée que Chypre "se remettrait de nouveau sur pied".

Lutte contre le blanchiment d'argent 

Le prix à payer par Nicosie est en effet très élevé. Laïki Bank (Popular Bank en anglais), la deuxième banque du pays, va être mise en faillite de manière ordonnée. Elle devrait être scindée entre une "bad bank", entité résiduelle amenée à disparaître progressivement, et une "good bank", où seront regroupés les dépôts inférieurs à 100 000 euros, qui bénéficient d'une garantie publique dans l'Union européenne. Cette mesure doit avoir pour effet de réduire considérablement la taille du secteur bancaire chypriote, jugé surdimensionné par rapport à l'économie de l'île puisqu'il représente environ huit fois son Produit intérieur brut (PIB). 

Quant à Bank of Cyprus, la première banque chypriote, il est prévu qu’elle reprenne à terme les dépôts garantis de Laïki Bank, mais aussi les dettes de celle-ci envers la Banque centrale européenne (BCE), qui s'élèvent à 9 milliards d'euros. Le plan, de sauvetage prévoit en outre que les titulaires de comptes dépassant 100 000 euros auprès de la Bank of Cyprus subiront une ponction de l'ordre de 30% de leurs avoirs. 

Parmi les efforts demandés à Chypre figurera aussi la lutte contre le blanchiment d'argent, en fonction des résultats d'un audit imminent. En échange, une aide allant jusqu'à 10 milliards d'euros sera fournie essentiellement par le Mécanisme européen de stabilité (MES) et un apport du Fonds monétaire international (FMI) qui reste à chiffrer.

Un modèle pour la zone euro ? 

Anxieux, les marchés ont d’abord fait bon accueil au plan. Mais peu de temps après, l’inquiétude a regagné les places boursières. Les Bourses européennes, qui gagnaient ainsi environ 1% en milieu de journée le 25 mars, ont fini pour la plupart dans le rouge, comme Wall Street, affectées entre autres par les craintes de répercussions sur l'ensemble du système bancaire de la zone euro. Quant à la monnaie unique, après être brièvement remontée à 1,30 dollar, elle était en net repli en fin de journée en Europe, autour de 1,2850. 

Dans un entretien à Reuters et au "Financial Times", le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a déclaré que le choix de faire participer les déposants et les créanciers obligataires au renflouement des banques chypriotes pourrait servir de modèle à l'ensemble de la zone euro. 

Les autorités chypriotes, qui ont fait voter une loi sur les résolutions bancaires, n'auront pas besoin de repasser devant le Parlement pour adopter le nouveau plan de sauvetage. Mais celui-ci doit encore être approuvé d'ici mi-avril par plusieurs Parlements de pays de la zone euro, dont l'Allemagne. Le premier versement de l'aide devrait avoir lieu début mai.

FRANCE 24 avec dépêches