Un an après le début du soulèvement des étudiants québécois, une manifestation a été interdite et s'est soldée par l'interpellation de 200 personnes vendredi soir. Le comportement de la police est de plus en plus pointé du doigt.
C’était il y un an. Plusieurs dizaines de milliers de personnes défilaient dans les rues de Montréal pour protester contre de la hausse relativement importante des droits de scolarité, que voulait imposer le précédent gouvernement du libéral Jean Charest. Ce mouvement étudiant, baptisé le "printemps érable", avait été marqué par de nombreuses manifestations de masse et quelques violences ponctuelles. La mesure avait été tout bonnement annulée.
À l’occasion du premier anniversaire de cet événement qui avait retenu l’attention des médias du monde entier, une marche a été organisée vendredi 22 mars en fin de journée, durant laquelle près de 200 manifestants ont été interpellés par la police anti-émeutes de Montréal.
Les manifestants se sont vu infliger une amende de 654 dollars canadiens soit environ 500 euros et ont ensuite été libérés. Il n'y a eu aucun incident ni aucune arrestation, selon un porte-parole des forces de l'ordre, Jean-Bruno Latour.
La marche avait été organisée par une association de la faculté de sciences politiques et de droit de l'université du Québec à Montréal (UQAM) et par le syndicat radical étudiant ASSE, qui demande la gratuité complète des études. En revanche, deux autres syndicats, la FECQ et la FEUQ, ne s'étaient pas joints à cette initiative.
Vers une enquête contre les agissements de la police ?
Les manifestants entendaient protester, à nouveau, contre l'indexation des droits de scolarité, soit une augmentation de 3 % par an, remise à l’ordre du jour par le gouvernement de la souverainiste Pauline Marois, élue Premier ministre du Québec en septembre 2012.
Mais à en croire les dires de plusieurs manifestants interrogés par Radia-Canada, le nouveau gouvernement ne laisse pas beaucoup de place aux réprimandes. Certains allant même jusqu’à parler de "dictature".
Ex-candidate aux élections provinciales et militante du parti d'opposition de gauche Québec solidaire, Manon Massé a réaffirmé, à Radio-Canada, la demande de son parti de mettre en place une commission d'enquête publique indépendante sur le comportement de la police lors des manifestations.
"Techniques d'intimidation"
Du même avis, l'Association facultaire des étudiants en science politique et droit (AFESPED) de l'Université du Québec à Montréal dénonce de véritables "techniques d'intimidation" employées par les différents corps policiers du Québec. Dans un communiqué, l’Association estime qu’il est "inacceptable" que la marche ait été dispersée avant même d’avoir débuté.
"Lors des trois dernières manifestations à Montréal, nous recensons près d'un demi-millier d'arrestations alors qu'aucun méfait ne fut commis. Il s'agit d'une grave dérive autoritaire et d'une atteinte impardonnable à nos libertés individuelles et collectives", a ajouté l'AFESPED.
Les autorités se défendent en assurant que les interpellations ont été procédées en vertu du règlement municipal P-6 visant à encadrer les manifestations, notamment pour avoir circulé en sens contraire de la rue. "Le droit à la liberté d'expression existe et les gens ont le droit de manifester", assure le sergent Jean-Bruno Latour avant d’ajouter, toutefois que, "toute manifestation doit se faire dans l'ordre, dans le respect de tous les citoyens."