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L'archevêché de Los Angeles va verser 10 millions de dollars aux victimes présumées d'agressions sexuelles commises par un prêtre dans les années 1970. Le cardinal de Los Angeles, accusé d'avoir couvert les faits, est présent au conclave.
Les affaires de pédophilie n’en finissent pas de rattraper l'Église catholique. Alors que les 115 cardinaux électeurs sont enfermés depuis mardi dans la Chapelle Sixtine pour élire le successeur de Benoît XVI, l’affaire des scandales sexuels qui touche l'archevêché de Los Angeles revient sur le devant de la scène.
Celle-ci a, en effet, accepté de verser près de 10 millions de dollars à quatre victimes d'un prêtre pédophile qui affirment avoir été agressées sexuellement dans les années 1970, ont annoncé mardi les avocats des plaignants. L'accord a été conclu début mars entre les avocats des victimes, le prêtre mis en cause Michael Baker et le cardinal de Los Angeles, Roger Mahony. Les victimes reprochaient, en outre, au cardinal américain d'avoir laissé Michael Baker poursuivre ses activités de prêtre alors qu'il avait avoué avoir abusé de mineurs en 1986.
Après avoir plaidé coupable pour deux de ces quatre cas, le prêtre a été condamné à 10 ans de réclusion en décembre 2007. Il été relâché en octobre 2011.
"L’arrangement financier a permis d’étouffer l’affaire"
Un avocat de l'archevêché, Michael Hennigan, se dit "satisfait d'avoir trouvé un accord". "Nous avons toujours pris notre entière responsabilité pour les abus commis par Michael Baker, il n'y avait donc pas de problème [...], il s'agissait juste de trouver un accord à un coût raisonnable", a-t-il indiqué.
Du côté des victimes présumées, le Snap (Survivors Network of those Abused by Priests), une association américaine de victimes de prêtres pédophiles, a également salué cet accord, tout en soulignant qu'"aucun montant ne pouvait restaurer la confiance brisée et les enfances volées des victimes".
"L’affaire ressemble de très près à celle de DSK, explique l’historien des religions Odon Vallet, dans un entretien accordé à FRANCE 24. Le droit pénal américain permet d’éviter les poursuites en trouvant un accord devant la justice. L’arrangement financier a permis d’étouffer l’affaire. Pour nous Européens, cela peut paraître choquant mais c’est tout à fait normal aux États-Unis", ajoute le spécialiste.
Les "victimes présumées" et les "futures victimes"
Reste que trouver 10 millions de dollars, même pour l’une des archevêchés les plus riches du monde, demeure compliqué et non sans conséquence pour ses activités caritatives. Selon Odon Vallet, l’affaire est dramatique. "Les populations des pays émergents auxquelles l'archevêché vient en aide ainsi que les populations locales déshéritées, comme les Latinos, vont pâtir des économies que l’archevêché va devoir réaliser", explique le docteur en sciences religieuses. Par ailleurs, la crise de confiance des paroissiens risque de diminuer le nombre des dons.
Un cardinal toujours dans le collimateur
Si l'affaire s'est réglée devant la justice, le cardinal Roger Mahony n'a pourtant pas fini d'entendre les critiques de sa mauvaise gestion de l’affaire. Une association de catholiques américains, Catholics United, a même lancé une pétition en février qui a recueilli près de 10 000 signatures pour empêcher le cardinal américain, aujourd'hui à la retraite, de se rendre au conclave de Rome.
L'ancien archevêque se défend en plaidant son manque de connaissance des abus sexuels. "Rien dans mon parcours ou dans mon éducation ne m'a préparé à gérer ce grave problème", a-t-il écrit le mois dernier dans une lettre ouverte à l'archevêque de Los Angeles Jose Gomez, qui lui a succédé en 2011. Ce dernier a d’ailleurs privé le prélat de "toute responsabilité administrative ou publique".