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Corruption : le parquet demande un jugement immédiat de Berlusconi

Le parquet de Naples a officiellement demandé, lundi, un jugement immédiat de l’ancien président du Conseil italien pour avoir corrompu un sénateur du camp Prodi en 2006. Une procédure permise lorsque les preuves sont accablantes.

Silvio Berlusconi n'en finit pas d'avoir affaire à la justice. Le parquet de Naples a demandé, lundi 11 mars, le renvoi en jugement immédiat de l'ex-chef du gouvernement italien, soupçonné de corruption pour avoir "acheté" il y a plusieurs années un sénateur de l'opposition.

Ce dernier, Sergio De Gregorio, avait quitté la coalition hétéroclite de gauche, dirigée par Romano Prodi, quelques mois après l’élection du parti lors des législatives de 2006, pour rejoindre le camp du Cavaliere. Alors que la victoire ne s’était jouée qu’à une poignée de voix, la défection du sénateur élu dans la circonscription de Naples avait d’autant plus fragilisé la majorité, accélérant la chute de la gauche en 2008.

La procédure de "jugement immédiat" prévoit que le dossier passe au juge des audiences préliminaires qui décide dans un laps de temps assez bref, une dizaine de jours maximum, s'il l'accepte ou non. S'il l'accepte, toute la phase des audiences préliminaires qui doit en principe décider du renvoi en justice ou non d'un inculpé et qui peut durer plus d'un an, est évitée et l'on passe directement au procès. En cas de refus, le parquet peut toujours opter pour la procédure ordinaire.

"Naturellement que j'ai pris de l'argent de Berlusconi"

Selon le parquet, Silvio Berlusconi aurait versé trois millions d'euros, dont deux en espèces, à Sergio De Gregorio pour le débaucher. Une version confirmée par le sénateur : "Naturellement que j'ai pris de l'argent de Berlusconi, je l'ai d'ailleurs déjà dit aux magistrats", a déclaré Sergio De Gregorio dans une récente interview.

"J'ai mûri la décision de clarifier, de raconter, d'assumer mes responsabilités, y compris pénales, après avoir rêvé de mon père qui m'incitait à me libérer de mes fardeaux, à devenir un homme libre pour pouvoir recommencer", a-t-il expliqué pour justifier son choix de tout déballer devant les magistrats.

"Un attentat contre la démocratie"

Du côté des dirigeants du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, on tente de minimiser l’affaire en rappelant que ce ne fut pas Sergio de Gregorio qui a fait chuter le gouvernement de Romano Prodi, mais le ministre de la Justice de ce dernier, Clemente Mastella, en quittant début 2008 la coalition de gauche.

Romano Prodi a pour sa part estimé que cela représentait "un épisode très triste, et si c'est vrai, un attentat contre la démocratie".

Le Cavaliere a été accusé à plusieurs reprises par ses adversaires politiques d'avoir acheté des voix ou des élus, mais c'est la première fois qu'il se retrouve officiellement accusé pour un cas concret de corruption d'un homme politique. Le même jour, il a été accusé par les magistrats du nord de l'Italie de tricher sur son état de santé pour éviter le réquisitoire dans une autre affaire judiciaire, le Rubygate.
 

Avec dépêches