
Alors que le gouvernement a abandonné son objectif de réduction du déficit en 2013, le ministre français du Budget a annoncé qu'aucun ministère n'échapperait aux économies supplémentaires de 5 milliards d'euros demandées pour le budget 2014.
"Douloureux mais nécessaire". Le redressement des comptes publics est inévitable pour que la France conserve le contrôle de ses finances, selon le ministre délégué au budget, Jérôme Cahuzac, interrogé par "Le Journal du Dimanche" (JDD).
"Il ne s’agit pas de faire plaisir à la Commission européenne ou aux agences de notation mais de recouvrer notre souveraineté, aliénée aux marchés ces dernières années", assure-t-il.
Le gouvernement, qui vient d'abandonner son objectif de réduire les déficits à 3 % du PIB cette année, vise 5 milliards d'euros d'économies supplémentaires en 2014. À cette fin, Jérôme Cahuzac a proposé au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, une réduction de 1,5 milliard d’euros du budget de l’État. Une mesure qui, selon lui, ne devrait pas être néfaste pour la croissance : "le redressement des comptes par l’impôt ou l’économie a toujours des conséquences récessives à court-terme. Mais à moyen terme, il favorisera la croissance", rassure-t-il. Afin de financer le crédit d’impôt compétitivité-emploi ainsi que "le plan pauvreté" prévoyant l’augmentation du RSA, le gouvernement ponctionnera également les ministères à hauteur de 3,5 milliards d’euros.
Pour parvenir à atteindre cet objectif total de 5 milliards d’euros d’économies, le ministre du budget affirme que tous les crédits seront mis à contribution. "Il n’y a pas de ministère intouchable. Le détail sera négocié avec chaque membre du gouvernement." Les discussions s’annoncent donc âpres, d’autant plus que certains ministres, comme Delphine Batho (écologie) et Cécile Duflot (logement), ont déjà fait part de leurs réticences. Ce qui ne devrait pas empêcher Jérôme Cahuzac de mener à bien ses mesures : "le sérieux budgétaire est une composante de notre politique économique", a-t-il tenu à rappeler.
Toutefois, conformément aux priorités désignées par François Hollande durant la campagne présidentielle, l’Éducation nationale, la police et la gendarmerie seront "exemptés d’efforts sur leurs effectifs", promet le ministre.
Pas d’efforts supplémentaires demandés aux Français
En plus des coupes dans le budget de l’État, le gouvernement a la lourde tâche de dégager six milliards d’euros de recettes fiscales. "Il nous faut trouver cette somme pour maintenir les recettes de l’État au même niveau, pas pour les augmenter", explique Jérôme Cahuzac sans préciser les mesures qui serviront à soulever ce montant.
Refusant de parler de cure d’austérité, le ministre estime qu’il s’agit "d’un ajustement de nos comptes dans un contexte économique très difficile." "Il n’est pas question de demander d’efforts nouveaux aux Français en 2013", précise-t-il, en revanche.
Réduction des allocations familiales, augmentation des taxes sur le diesel… les différentes rumeurs de nouveaux sacrifices demandés aux Français ne sont pas d’actualité, selon le ministre. "Toute annonce est prématurée et court le risque d’être démentie. Cela n’apporte rien au débat, sauf des raisons de s’inquiéter dont les Français n’ont vraiment pas besoin", déplore-t-il.
Le gouvernement présentera dans les prochaines semaines ses nouvelles prévisions pour les finances publiques, qui doivent, selon lui, atteindre l'équilibre structurel fin 2017.
Mais pour Bruno Jeudy, rédacteur en chef du service politique du "JDD", ce silence traduit "un incroyable déficit d’explications sur la politique économique du gouvernement face à l’aggravation de la crise." Et l’éditorialiste de conclure : "Une interview télévisée serait prévue dans la semaine du 18 au 24 mars. Peut-être permettra-t-elle de comprendre où va Hollande ?"