La Commission électorale kényane a annoncé, samedi, la victoire d'Uhuru Kenyatta, élu au premier tour de la présidentielle avec 50,07 % des suffrages. L’opposition a déjà fait part de son intention de contester le résultat.
La Commission électorale indépendante a proclamé, samedi, la victoire à l’élection
Le Premier ministre sortant Raila Odinga a annoncé samedi qu'il allait contester en justice sa défaite à la présidentielle au Kenya face à Uhuru Kenyatta, mais a appelé ses partisans à rester calme et à "respecter l'État de droit".
Raila Odinga, dont la précédente défaite il y a cinq ans avait provoqué des violences sans précédent, a dénoncé "des irrégularités massives" autour du scrutin de lundi, mais il a souligné que "la violence maintenant pourrait détruire ce pays pour toujours". (AFP)
présidentielle, dès le premier tour, du vice Premier-ministre sortant, Uhuru Kenyatta, avec 50,07 % des suffrages exprimés lors du scrutin du lundi 4 mars. Le fils de Jomo Kenyatta, premier président du Kenya indépendant entre 1964 et 1978, devient, près de 50 ans après l'accession au pouvoir de son père, le quatrième chef de l'État kényan.
Mais le président élu est également inculpé de crimes de guerre par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans les violences post-électorales de 2007 qui avaient fait 1 200 morts. Des accusations qu'Uhuru Kenyatta et son colistier William Ruto, lui aussi impliqué, réfutent. Tous deux ont d'ores et déjà annoncé qu'ils souhaitaient coopérer avec la justice internationale. Initialement fixé au 11 avril, leur procès a été repoussé au 9 juillet.
Refusant de reconnaître sa défaite, le grand rival d'Uhuru Kenyatta, Raila Odinga entend, pour sa part, se pourvoir en justice a prévenu, samedi, un de ses conseillers, avant même que la victoire de Kenyatta ne soit confirmée. Il a été battu de plus de 830 000 voix.
La lenteur du dépouillement et les "couacs" ont attisé les tensions
Jeudi déjà, la tension était montée d’un cran lorsque le parti de Raila Odinga avait affirmé que les résultats provisoires avaient été manipulés. "Le système électronique de transmission de votes a été un échec total. Et nous avons des preuves indiquant que les résultats que nous recevons ont été falsifiés. Dans certains cas, le nombre de votes dépasse celui d’électeurs inscrits", annonçait Stephen Kalonzo Musyoka, le colistier de Raila Odinga, pour qui "le processus national de comptage manqu[ait] d'intégrité et d[evait] être arrêté". La Commission électorale indépendante avait réagi dans la foulée, réfutant les accusations de fraude.
itMercredi, c’est le camp d’Uhuru Kenyatta qui avait dénoncé la lenteur du dépouillement, qui s’est déroulé sur cinq jours, et l’utilisation du système de transmission électronique des votes, affirmant qu’il était la porte ouverte à des fraudes. "Le système de comptage électronique a été abandonné, expliquait Stéphanie Braquehais, envoyée spéciale de FRANCE 24 au Kenya. La Commission électorale avait investi dans ce matériel très coûteux pour permettre un deuxième niveau de vérification. Ça n'a pas marché, ça a même carrément planté, comme l’a reconnu mercredi le président de la Commission électorale qui s’est tout de même voulu rassurant : les résultats reflèteront la réalité du vote."
Bien qu’elles soient contestées par les deux camps, les opérations de comptage ont globalement été considérées comme crédibles par les observateurs internationaux. La plupart des Kényans estiment eux-mêmes que le scrutin a été plus transparent que les précédents.
Avec dépêches.