Soccket est un ballon d’un nouveau genre : il permet de jouer au football et de s’éclairer. Et ce n’est pas un gadget : il peut permettre à des populations qui n’ont pas accès à l’électricité de disposer de la lumière.
Ceci n’est pas un ballon de football. Ou plutôt si... mais pas seulement. Soccket peut effectivement servir à marquer des buts mais, une fois la partie finie, il peut servir de mini-générateur d’électricité autonome.
Soccket, un projet porté par quatre ex-étudiants de l’Université américaine de Harvard, est aussi une tentative de réduire la fracture énergétique. Ce ballon doit permettre d'offrir un accès à l’électricité dans les pays en voie de développement. Au sein de la société Uncharted Play (UP), ces inventeurs veulent à travers “un sport particulièrement populaire dans beaucoup de ces pays offrir un produit qui mélange plaisir et utilité”.
Le mécanisme à l’intérieur du ballon permet, concrètement, à Soccket de générer et d’engranger de l’énergie en roulant. “En jouant 30 minutes, le ballon amasse suffisamment d’énergie pour faire fonctionner une petite lampe LED pendant trois heures”, assurait à la chaîne britannique BBC en juin 2012 Jessica Matthews, l’une des initiatrices de ce projet.
Un vaste programme qu’UP compte finaliser en partie grâce au site Kickstarter. La société a soumis, le 26 février dernier, son projet sur cette plateforme de financement participatif afin de lever au minimum 75 000 dollars d’ici le 28 mars 2013. 492 internautes ont pour l’instant trouvé cette initiative digne d’un soutien financier et UnchartedPlay a déjà reçu des promesses de dons de plus de 42 000 dollars.
Mais cette campagne sur Kickstarter n’est que la partie immergée de l’iceberg et la phase finale de cette initiative. Le coup d’envoi du projet Soccket remonte en fait à 2008. Plusieurs prototypes, qui ont vu le jour en 2009 et 2010, ont été testés “dans les zones pauvres d’Amérique du Nord et du Sud”. S'ils permettaient bien de créer de l’électricité, ils n’étaient en revanche pas très confortables pour jouer au foot. La dernière mouture, présentée sur Kickstarter, est censée combler ces lacunes footballistiques.
1,2 milliard de personnes privées d’électricité
L’idée a commencé à trotter dans la tête de Jessica Matthews lors de ces visites au Nigeria où vit une partie de sa famille. Sa tante devait, ainsi, utiliser un générateur au diesel pour produire de l’électricité, ce qui créait une atmosphère dans laquelle elle “pouvait difficilement respirer”. Ces collègues d'Harvard avaient également été confrontés à des situations similaires, ayant, entre autres, vu des enfants obligés de travailler le soir avec l’éclairage public des rues comme seule lumière.
Des expériences que viennent corroborer les données officielles de la Banque mondiale : environ 1,2 milliard de personnes dans le monde n’ont toujours pas d'accès à l’électricité en 2012. Une situation qui pousse ces populations à se tourner vers des sources d’énergie parfois dangereuses - comme le kérosène ou le diesel - pour cuisiner et se chauffer. Ces solutions de dernier recours engendrent des problèmes respiratoires “à l’origine de la mort de 1,5 million de personnes par an”, souligne la Banque mondiale.
Ballon ou urine ?
Un ballon de foot pour sauver des vies ? L’équipe d’UnchartedPlay reconnaît que Soccket ne va pas résoudre le problème dans sa globalité. Mais il s’agit, avant tout, d’apporter une pierre - ou plutôt un ballon - à l’édifice. Soccket sert essentiellement de lumière d’appoint ou de chargeur pour smartphone (une option qu’UP développera si la société lève 150 000 dollars sur Kickstarter et non pas seulement 75 000).
Sur Kickstarter, une contribution de 89 dollars ou plus permettra à l’internaute de recevoir l’un de ces ballons. Un prix probablement trop élevé pour les populations des pays en voie de développement. Mais les bénéfices d'UnchartedPlay seraient les investissements de demain dans des programmes avec des ONG pour faire parvenir des Socckets dans des zones privées d’électricité.
Ces Américains ne sont pas les seuls, en ce moment, à se pencher sur des solutions innovantes au problème de l’absence d’électricité dans certaines zones de pays en voie de développement. Une collégienne nigériane de 14 ans a, ainsi, mis au point un système qui permet d’utiliser l’urine pour faire fonctionner un générateur d’électricité, a rapporté le quotidien Le Monde mercredi 6 mars. Un autre projet qui, lui, n’en est qu’au stade expérimental.