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Présidentielle kényane : impatience et suspicions face au retard des résultats

En raison de retards dans le dépouillement, le résultat du premier tour de l’élection présidentielle au Kenya n'avait toujours pas été publié mercredi, soit deux jours après le vote. Les différents partis politiques s'accusent de tricherie.

Quarante-huit heures après la clôture du vote, le nom du vainqueur de l’élection présidentielle kényane se faisait encore attendre mercredi. Alors que les dépouillements des bulletins ont pris du retard, le climat d’anxiété grandit auprès de la population, pour qui le souvenir de la présidentielle de 2007, véritable bain de sang, est encore présent.

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"Le climat d'attente devient de plus en plus difficile à supporter"
Présidentielle kényane : impatience et suspicions face au retard des résultats

Selon Stéphanie Braquehais, correspondante de FRANCE 24 sur place, le coûteux système électronique, permettant un comptage rapide des voix, n’a pas fonctionné. "On en revient donc à un comptage manuel. Les agents répartis dans le pays doivent revenir avec les documents officiels au siège de la Commission" explique-t-elle.

Kenyatta menacé par les votes nuls

Le plus gros contentieux : les votes nuls. La Commission est favorable à l’intégration de ces derniers dans le décompte total. Or, la coalition du vice-Premier ministre sortant, Uhuru Kenyatta, en tête selon les premiers résultats partiels, s’y oppose. "On en est à presque plus de 5 % de votes nuls," explique Stéphanie Braquehais, "si ces votes sont comptés, cela voudrait dire que Kenyatta - qui a dépassé les 50 % sur à peu près 40 % des bureaux de vote - pourrait redescendre en-dessous de la barre des 50 %. Cela ouvrirait la voie à un second tour."

Hors de question pour le clan du fils du premier président du pays, qui considère que ce mode de calcul pourrait le priver d’une victoire dès le premier tour face à son principal rival, le Premier ministre Raila Odinga.

Le nombre important de bulletins nuls est attribué à la complexité du scrutin : les Kényans votaient pour six élections. En plus d'élire leur nouveau président, les électeurs devaient en effet désigner leurs députés, sénateurs, gouverneurs, membres des assemblées départementales ainsi qu'un quota de femmes à l'Assemblée nationale.

Le mauvais souvenir de 2007

Ces retards dans la diffusion des résultats sont d'autant plus difficiles à supporter qu'ils ravivent la crainte de voir le scénario de 2007 se reproduire, selon un activiste cité par Stéphanie Braquehais.

"Plus les retards s’accumulent, plus la crédibilité de la Commission électorale est mise en question. Et si cette crédibilité est mise en question, alors les spéculations commencent à circuler," détaille la journaliste. De fait, les partis politiques se sont déjà mutuellement accusés de tricherie.

En 2007, l'annonce de la défaite de M. Odinga face au président sortant Mwai Kibaki avait débouché sur les pires violences depuis l'indépendance du pays. Plus de 1 000 personnes avaient été tuées et 600 000 déplacées. Quant au candidat Uhuru Kenyatta, il doit être jugé en avril par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité, liés à son implication présumée dans l'organisation de ces violences.