
Le président tunisien Moncef Marzouki a été entendu jeudi comme témoin par le juge d'instruction enquêtant sur l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. Les proches du défunt sont persuadés que le chef de l'État connaît l'identité des meurtriers.
Et si Moncef Marzouki, le président tunisien, connaissait les assassins de Chokri Belaïd ? C’est en tout cas ce que cherche à savoir la justice tunisienne qui a entendu, jeudi 28 février, le chef de l'État comme témoin dans l’affaire du meurtre de l’opposant, abattu par balles, le 6 février.
"Le président de la République Moncef Marzouki a reçu ce matin le juge d’instruction du tribunal de première instance de Tunis qui l’a entendu en tant que témoin dans l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd", a indiqué la présidence dans un court communiqué qui ne donne aucune précision supplémentaire.
Selon les proches de Belaïd, le président Marzouki en sait bien plus que ce qu’il voudrait faire croire. Abdelmajid Belaïd, l'un des frères du défunt, est même persuadé que le chef de l’État connaît l’identité des assassins.
"Marzouki connaît les commanditaires du meurtre"
"Mon frère m’avait dit texto : ‘la présidence m’a contacté pour me dire que je suis menacé de mort. Et le président m’a proposé une protection mais j’ai refusé parce que cela équivaudrait à (...) contrôler mes activités'", a-t-il indiqué jeudi à l’AFP. "Pour moi, le président connaît les commanditaires, ceux qui ont décidé de tuer Chokri", a-t-il ajouté.
Les frères du défunt ont d’ailleurs remis en cause la thèse officielle selon laquelle un groupe de salafistes a tué l’opposant. Mardi 26 février, le jour de l’annonce de l’arrestation de quatre militants islamistes radicaux, soupçonnés du meurtre, Abdelmajid Belaïd avait même déclaré à l’AFP que "c’est [le parti islamiste au pouvoir] Ennahda qui a donné le feu vert pour tuer [son] frère".
Selon le ministère de l’Intérieur, le tireur présumé a été identifié mais est toujours en fuite. Il n’a donné aucune indication concernant le commanditaire.
L’assassinat de Chokri Belaïd a plongé la Tunisie dans sa pire crise politique depuis la révolution de janvier 2011 qui a fait tomber le régime de Zine El Abidine Ben Ali.
Avec dépêches