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Israël craint une nouvelle Intifada après le décès d'un détenu palestinien

L'enterrement d'Arafat Jaradat, le détenu palestinien décédé samedi dans les geôles israéliennes, s'est déroulé sous hautes tensions lundi matin, en Cisjordanie. Sa mort fait craindre aux autorités de l'État hébreu un regain de violence.

Arafat Jaradat, le détenu palestinien de 30 ans décédé samedi 23 février dans les geôles israéliennes, a été enterré lundi matin dans un climat tendu. Des milliers de personnes, brandissant pour beaucoup les drapeaux jaunes du Fatah et des drapeaux palestiniens, se sont rassemblées pour lui rendre un dernier hommage, tandis que des Palestiniens armés et cagoulés surveillaient les événements depuis les toits des alentours.

Pleurant la mort de leur "héros, martyr de la liberté", les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, faction armée du Fatah, ont promis de venger la mort de Jaradat. "Ce crime horrible ne restera pas impuni et nous promettons à l'occupant sioniste de répondre", a indiqué le groupuscule dans un communiqué distribué lors des funérailles.
L'annonce du décès d'Arafat Jaradat a mis le feu aux poudres. Arrêté le 18 février près de la colonie de Kiryat Arba pour avoir jeté des pierres contre des soldats et des civils israéliens, le jeune homme est mort en prison avant d’être jugé. Depuis, les autorités israéliennes et les Palestiniens opposent deux versions des faits. Les premières affirment qu'Arafat Jaradat est décédé "d’un malaise" lors d’un repas ; les seconds accusent, eux, Israël de l’avoir torturé à mort.
Dimanche soir, le ministre palestinien des Prisonniers, Issa Qaraqaë, affirmait que l’autopsie du défunt avait montré "des fractures sur tout le corps et sur le crâne" de la victime, preuve, selon lui, d’un assassinat fomenté par Israël. Il demande une enquête indépendante, de même que l’ONG israélienne Betselem.
Regain de violence
Dimanche, des manifestations en solidarité avec les quelque 4 700 Palestiniens emprisonnés par Israël, dont 11 sont en grève de la faim, ont dégénéré en Cisjordanie. De jeunes Palestiniens armés de pierres ont affronté des soldats israéliens qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Lundi,  des jeunes palestiniens affrontaient les forces de défense israélienne pour le troisième jour consécutif , à Hebron .
Face aux affrontements, "Israël a transmis une demande sans équivoque à l'Autorité palestinienne de calmer le territoire" de Cisjordanie occupée, a annoncé, dimanche soir, le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, dans un communiqué. Lundi, ce dernier a mené des consultations sur la sécurité en Cisjordanie.
Mais pour le président palestinien, Mahmoud Abbas, ces appels au calme ne sont qu’une tentative délibérée  de "créer le chaos" dans les Territoires. "Les Israéliens veulent le chaos, nous le savons, mais nous ne les laisserons pas faire", a déclaré le numéro palestinien lors d'un discours à Ramallah.
"Nous voulons la paix et la liberté pour nos prisonniers et nous ne nous laisserons pas entraîner dans leurs manœuvres [des Israéliens, NDLR] malgré leurs tentatives", a ajouté le président Abbas.
Une nouvelle "guerre des pierres" ?
De nombreux commentateurs en Israël estiment que la situation pourrait dégénérer en troisième Intifada et que la tension actuelle n’est, par ailleurs, pas étrangère à la visite du président américain, Barack Obama, programmée pour le 20 mars prochain.
"Les deux premières Intifadas [...] ont été provoquées par un nombre élevé de morts, a déclaré le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Avi Dichter, lundi au micro de Radio Israël. Les décès sont presque une recette bien établie pour accentuer l'escalade."

Les incidents se multiplient en effet dans la région depuis la fin de l’opération "Pilier de défense" lancée par Israël en novembre 2012, contre le Hamas à Gaza. Depuis, l’armée israélienne craint de voir se déclencher une nouvelle "guerre des pierres", accusant l’Autorité palestinienne de fomenter les troubles.

La première Intifada avait débuté en décembre 1987 et s’était achevée par les accords d’Oslo en 1993, signés entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. La seconde avait commencé en septembre 2000, lorsque Ariel Sharon, alors Premier ministre israélien, avait visité l’Esplanade des Mosquées, un lieu emblématique de Jérusalem. Depuis cette date, le cycle de violence ne s’est jamais vraiment apaisé. Plus de 4 500 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes et un millier d'Israéliens ont péri dont la moitié dans des attentats-suicides visant principalement les civils.

Avec dépêches