Dans un communiqué publié jeudi, l'organisation internationale humanitaire appelle les autorités maliennes à se saisir du problème des exactions commises depuis la mi-janvier par des soldats de l'armée malienne et d'en punir les auteurs.
L'organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé jeudi le gouvernement malien à "poursuivre" les soldats maliens responsables d'"exécutions extra-judiciaires et de disparitions forcées" de civils touareg, arabes et peul soupçonnés de liens avec les islamistes dans le nord du Mali.
Les autorités maliennes "doivent rapidement mener des enquêtes et traduire en justice les soldats responsables de tortures, exécutions sommaires et disparitions forcées de rebelles islamistes présumés et de leurs supposés collaborateurs", affirme l'organisation de défense des droits de l'homme dans un communiqué reçu jeudi à Dakar.
Philippe Bolopion, directeur de Human Rights Watch auprès des Nations Unies se trouvaient au Mali il y a peu. "Malgré les promesses des autorités, sur le terrain aucune enquête n'est diligentée. Cela envoie un signal catastrophique aux membres de l'armée malienne qui peuvent constater par eux-mêmes l'impunité totale de ce genre d'actions", explique-t-il dans un entretien accordé à FRANCE 24.
"Les partenaires internationaux du Mali doivent soutenir les efforts visant à faire rendre des comptes aux auteurs (de ces exactions) et à protéger les civils pour, à l'avenir éviter, des abus pareils", indique-t-elle.
HRW dit avoir mené des enquêtes montrant que depuis la mi-janvier, début de l'intervention internationale armée contre les jihadistes qui occupaient le nord du Mali, "des soldats (maliens) pourchassent des membres des communautés peul, touareg et arabes dans les zones de Tombouctou, Gao, Sévaré, Boni et Konna", des localités du centre et du nord du Mali.
"La restauration de la sécurité dans le nord du Mali signifie la protection de tout le monde, quelle que soit l'appartenance ethnique", déclare Corinne Dufka, responsable pour l'Afrique de l'Ouest de HRW, citée dans le communiqué.
Elle cite l'exemple de "deux jeunes peul accusés d'être des combattants du Mujao", le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest, un des groupes islamistes qui occupaient le nord du Mali.
"Les soldats les ont forcés le 9 février vers 11 heures (locales et GMT) à entrer dans un véhicule de l'armée et les ont emmenés à la périphérie du village de Boni (nord). Quelques minutes après, les villageois ont entendu des tirs d'armes à feu. Les deux hommes n'ont pas été revus depuis", ajoute HRW.
Des soldats maliens sont également accusés d'avoir, début février, "arrêté un Touareg de 43 ans. Il a été sévèrement bastonné, brûlé avec des cigarettes à l'abdomen et aux parties génitales, partiellement étranglé et forcé d'ingurgiter par le nez une substance toxique qui a brûlé son oesophage", rapporte encore HRW.
Philippe Bolopion affirme qu'"il n'est pas trop tard pour que les autorités maliennes se saisissent du problème et entame des poursuites".
La guerre dans le nord du Mali a provoqué "l'exil (vers les pays voisins) de 22.000 civils maliens" dont une majorité de Touareg et d'Arabes qui disent avoir peur des représailles de l'armée malienne, selon l'organisation.
Avec dépêches