L’ex-dictateur devrait être fixé, jeudi, sur les poursuites retenues par la justice haïtienne à son encontre. Baby Doc, qui fait l’objet de plusieurs plaintes, pourrait être également poursuivi pour crimes contre l’humanité.
Deux ans après son retour inattendu en Haïti, l'ex-dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier est convoqué, jeudi 21 février, devant la cour d’appel de son pays qui doit se prononcer sur d’éventuelles poursuites pour violations des droits de l'Homme. Surnommé "Baby Doc" en référence à son père François "Papa Doc" Duvalier, il est visé par plusieurs plaintes d'anciens opposants pour arrestations arbitraires, tortures et détentions illégales.
En janvier 2012, un juge d'instruction avait ordonné son renvoi devant un tribunal correctionnel pour détournements de fonds. Il n'avait, en revanche, pas retenu les poursuites pour crimes contre l'humanité, estimant que les faits étaient prescrits. Cette décision avait provoqué l'indignation des organisations de défense des droits de l'Homme.
Amnesty International a dépêché un observateur dans la capitale haïtienne pour suivre l'audience, qui doit notamment permettre d'examiner l'appel formé par les victimes visant cette décision de ne pas engager de poursuites pour crimes contre l'humanité.
Mais, pour Me Frizto Canton, l'un des avocats de l'ex-dictateur, la cour d'appel est "dessaisie du dossier", un recours en cassation ayant été déposé.
Un retour spectaculaire du "président à vie" en 2011
En 1971, à l’âge de 19 ans, Baby Doc avait succédé à son père, François Duvalier - alias Papa Doc -, en tant que "président à vie" de l'un des pays les plus pauvres du continent américain. Chassé du pouvoir en 1986 par une révolte populaire, il avait effectué un retour spectaculaire en Haïti en janvier 2011, après 25 ans d’exil en France.
Confortablement installé dans un quartier huppé des hauteurs de Port-au-Prince, Jean-Claude Duvalier n'est pas apparu en public depuis des mois et ses avocats ont usé de tous les arguments pour éviter à leur client un déplacement dans le centre-ville.
Attendu le 7 février dernier devant la justice - date à laquelle il avait été renversé en 1986 -, Jean-Claude Duvalier ne s'était pas présenté, se contentant d'écrire au juge pour demander un report, accusant au passage le tribunal de "prendre position pour la partie civile".
La Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) a rappelé, mercredi, à l'État haïtien son "devoir" de juger les violations des droits de l'Homme commises sous le régime de Jean-Claude Duvalier.
"Haïti, en sa qualité d'État partie à la Convention américaine relative aux droits de l'Homme, a l'obligation internationale de mener des enquêtes et, le cas échéant, de sanctionner les auteurs des violations graves des droits humains perpétrées" durant le régime de Jean-Claude Duvalier, a indiqué la CIDH dans un communiqué.
La Commission a aussi appelé l'État haïtien à "adopter toutes les mesures nécessaires afin d'assurer que les praticiens de la justice puissent exercer leur fonction avec indépendance et impartialité".
Avec dépêches