
À gauche, un Embraer A-29 Super Tucano, vraisemblablement de l'armée nigériane, au-dessus de Cotonou, la capitale économique du Bénin, le 7 décembre 2025. À droite, une explosion au camp militaire de Togbin, toujours à Cotonou. © @BrantPhilip_, @casusbelii
Dimanche 7 décembre à 8 h locales, un groupe de militaires déclare à la télévision béninoise qu'ils s'emparent du pouvoir "pour restaurer la cohésion" nationale. Ils annoncent démettre de ses fonctions le président de la République du Bénin, Patrice Talon, pour nommer à sa place le lieutenant-colonel Tigri Pascal, un officier de l'armée béninoise à la tête d'un "Comité militaire pour la refondation".
En quelques heures, la tentative de coup d'État tourne court. En début d'après-midi, le ministre béninois de l'Intérieur, Alassane Seidou, annonce que le coup d'État a été déjoué.
Le soir à 21 h, Patrice Talon fait une allocution à la télévision publique et confirme que la situation est "totalement sous contrôle". Mais si le coup d'État a échoué grâce à la loyauté des forces armées béninoises, il apparaît que le putsch a été aussi déjoué grâce à l'assistance du Nigeria, qui a apporté un soutien militaire important au gouvernement du Bénin.
L'aviation nigériane patrouille au-dessus de Cotonou
Dimanche vers 16 h 10 (heure de Paris), un premier avion sans identification venant du Nigeria pénètre dans l'espace aérien béninois. Il est rejoint par deux autres appareils nigérians environ 20 minutes plus tard. Comme le montre leur plan de vol affiché sur le site flightradar24, les aéronefs volent en cercle au-dessus de Cotonou pendant 150 minutes.
Flight radar ne mentionne pas l'aéroport de provenance de ces avions au Nigeria, leur transpondeur, qui permet leur localisation, n'ayant vraisemblablement pas été allumé au décollage.
"Il s'agit très certainement d'avions de l'armée de l'air nigériane", estime sur X Brant Philip, analyste et chercheur spécialisé dans le jihadisme en Afrique de l'Ouest et contributeur au Counter-Extremism Project.
Pour l'expert, la présence d'avions nigérians s'expliquerait par "une chasse à l'homme" lancée contre les mutins. Au moment où les avions nigérians patrouillent dans le ciel de Bamako, la tentative de coup d'État a en effet déjà été mise en échec, le ministère de l'Intérieur ayant annoncé que le putsch avait été déjoué aux alentours de 13 h. Les avions quittent l'espace aérien béninois vers 19 h.

Un avion d'attaque au sol nigérian
Le même jour, un avion à hélices est filmé par un internaute de Cotonou en train d’essuyer les tirs des putschistes. Il s'agit d'un avion d'attaque léger Embraer A-29 Super Tucano, rapporte Brant Philip. Cet appareil, spécialisé dans la lutte anti-guérilla et l'attaque au sol, peut être équipé d'un canon de 20 millimètres et est capable de larguer des bombes, des roquettes et des missiles.
L'aéronef appartient vraisemblablement aux forces armées aériennes nigérianes. Parmi les pays alliés du Bénin, il n'est en effet utilisé que par le Nigéria. Plusieurs témoins ont rapporté avoir entendu des explosions à Cotonou, dont l'une au moins semble avoir été causée par une frappe aérienne, explique également l'expert.
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Accepter Gérer mes choixContacté par la rédaction des Observateurs de France 24, Brant Philip indique que la vidéo a été filmée à proximité d'un camp militaire à Akogbato, un quartier de Cotonou.
Une autre vidéo filmée dans le même quartier, dans laquelle on entend des tirs nourris, montre un avion à hélice, lui aussi identifié par Brant Philip comme étant un Super Tucano.
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Accepter Gérer mes choixNous avons géolocalisé le lieu de tournage de cette vidéo précisément aux coordonnées 6.350374926206978, 2.3305964339040104, devant le carrefour Club des Rois, une aire d'autoroute située à environ 600 mètres d'une caserne de l'armée béninoise, le camp militaire de Togbin, effectivement situé à Akogbato.

Des explosions ont été observées dans ce camp militaire, ainsi que le montrent des photos partagées par le compte d'analyste en sources ouvertes Casus Belli vers 18 h 23 heure locale. Selon l'analyste, une partie des mutins y avaient trouvé refuge.
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Accepter Gérer mes choixNous avons géolocalisé l'origine de ces nuages de fumées aux coordonnées 6.355970445887297, 2.3306561366699126.

Si on ne peut pas prouver que ces explosions ont été provoquées par le Super Tucano nigérian qui volait à proximité, un porte-parole de l'armée nigériane a confirmé auprès de l'AFP que l'armée de l'air nigériane avait conduit des frappes contre des cibles au Bénin.
Un communiqué publié le 7 décembre sur le site de la présidence nigériane détaille plus précisément les circonstances de l'intervention des forces armées du Nigeria : "Suite à deux demandes distinctes du gouvernement du Bénin, le président Tinubu a d'abord ordonné aux avions de chasse de l'armée de l'air nigériane d'entrer dans le pays et de prendre le contrôle de l'espace aérien pour aider à déloger les putschistes de la télévision nationale et d'un camp militaire où ils s'étaient regroupés."
