Une famille de sept Français, dont quatre enfants, a été enlevée mardi 19 février dans l’extrême-nord du Cameroun. Un nouveau rapt qui fait de la France le pays occidental avec le plus de ressortissants retenus en otage à l'étranger.
Quinze Français otages dans le monde
- Sept touristes français enlevés le 19 février 2013 au nord du Cameroun. La piste Boko Haram ou Ansaru est évoquée.
- Un ingénieur français est enlevé le 19 décembre 2012 au Nord du Nigeria.
- Gilberto Rodriguez Leal est enlevé le 20 novembre 2012 au Mali. Le groupe armé Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) revendique l’enlèvement
- Deux Français en voyage d'affaires ont été enlevés à Hombori, dans le nord-est du Mali, le 24 novembre 2011. Leur enlèvement a été revendiqué par Aqmi.
- Cinq employés d'Areva au Niger, enlevés le 16 septembre 2010. Un français, malade, a été relâché. Les autres ont été vus en vie dans une vidéo le 29 août 2012.
Une famille de sept personnes – trois adultes et quatre enfants – a été enlevée mardi matin dans l’extrême-nord du Cameroun. Ils ont été kidnappés par des hommes armés en moto dans la matinée, dans le village de Dadanga, à moins de 10 km du Nigeria.
Selon Intel center media list, un centre américain de recherche spécialisé sur les questions de sécurité, ce nouvel enlèvement porte à quinze le nombre d'otages français à l'étranger, tous en Afrique, un triste record qui fait de la France le pays occidental qui a le plus de ressortissants enlevés à l'étranger. Parmi eux, au moins six sont détenus par Aqmi au Sahel.
Les derniers enlevés revenaient du parc de Waza, l'une des attractions touristiques de la zone. Selon une source locale, qui a demandé l'anonymat, "les touristes avaient dormi au campement touristique du parc d'où ils sont partis (mardi) matin".
Le groupe gazier français GDF Suez a précisé, mardi en fin d’après-midi, qu’un des otages était l’un de ses collaborateurs expatrié à Yaoundé, accompagné de sa famille – dont ses quatre enfants âgés de 5 à 12 ans - venue le rejoindre pour les vacances. Après l’enlèvement, les otages auraient été emmenés au Nigeria, selon les autorités camerounaises.
"Les autorités et les diplomates français tentent de les localiser mais c’est une tâche difficile car la collaboration avec la police nigériane n’est pas très développée", précise Julie Vandal, correspondante de FRANCE 24 à Lagos, au Nigeria.
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Boko Haram et Ansaru soupçonnés
Pour l'instant, il n’y aucune certitude quant à l’identité des ravisseurs, ni sur leur motivation, mais
les soupçons se portent sur Boko Haram, une secte islamique dont le fief historique se situe à de l'autre côté de la frontière, à quelques kilomètres du lieu de l'enlèvement.
Le chef de l'État français, François Hollande, qui s’est exprimé mardi en marge d’un déplacement en Grèce, a imputé la responsabilité de cet enlèvement à "un groupe terroriste au Nigeria". "Nous ferons tout pour les libérer", a-t-il déclaré.
"Mais Boko Haram n’a jamais procédé à des enlèvements, précise Julie Vandal. Est-ce un changement stratégique ? Rien n’est à exclure", poursuit la correspondante qui précise que la piste d’un rapt crapuleux peut également être envisagée. Il pourrait s’agir de bandits armés, qui auraient vu la "valeur marchande" des Français.
Dernière piste enfin, celle d’Ansaru, un groupe islamique nigérian, faction de
Boko Haram, en lien avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ce dernier groupe, relativement nouveau, est en pleine expansion dans la région.
Il a revendiqué, il y a quatre jours, le rapt de sept employés étrangers d'une société de construction libanaise dans le nord du Nigeria, invoquant "des transgressions et des atrocités commises envers la religion d'Allah (...) par les pays européens dans plusieurs endroits dont l'Afghanistan et le Mali".
15 Français otages dans le monde
L'ambassade de France à Yaoundé a conseillé, par SMS mardi soir, "à tous les Français présents dans l'Extrême-nord de se mettre immédiatement à l'abri". C’est la première fois qu'un enlèvement d'Occidentaux a lieu dans cette région du Cameroun, bien que des prises d'otages au large des côtes camerounaises surviennent régulièrement, la dernière en date remontant au 8 février.