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Les gouvernements rechignent à s'engager dans le conflit syrien

La communauté internationale hésite à intervenir en Syrie, a indiqué Navi Pillay, Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme. Les grandes puissances craignent de s'enliser dans une guerre longue et difficile.

Le Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, Navi Pillay, a estimé samedi que la communauté internationale hésitait à intervenir en Syrie car les gouvernements se demandaient si l'enjeu valait la peine de s'engager dans une guerre risquant d'être très longue.

Interrogée par la chaîne de télévision britannique Channel 4, le Haut commissaire a réitéré son appel à une saisine de la Cour pénale internationale (CPI) par le Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'une enquête soit menée sur les "crimes contre l'humanité et crimes de guerre" commis en Syrie.

Concernant la difficulté pour l'Onu d'intervenir en Syrie, Navi Pillay estime que ce type d'action relève d'une "décision intergouvernementale : intervention, maintien de la paix, intervention militaire ou saisine de la justice internationale".

"Nous appelons à une action immédiate. S'il y a des doutes ou de l'hésitation, c'est parce que les gens s'interrogent sur l'intérêt d'une guerre dans des lieux comme la Libye, la Syrie et l'Afghanistan", a-t-elle expliqué.

"Cela pourrait devenir une guerre traînant en longueur sans la garantie que les civils n'en souffriront pas", a-t-elle précisé. Elle a également estimé que le président syrien, Bachar Al-Assad, devrait répondre devant la justice internationale des crimes commis en Syrie.

"Des crimes de guerre sont commis par les forces du président Assad, ses forces de sécurité et d'autres groupes qui lui sont alliés", a-t-elle dit. Et d'ajouter : "Il est responsable et le Conseil de sécurité devrait saisir la Cour pénale internationale (CPI)."

Le Drian prône une transition politique

Le Conseil de sécurité est divisé sur le dossier syrien, la Chine et les États-Unis ayant mis à plusieurs reprises leur veto à des projets occidentaux de résolution pour faire pression sur le président Assad.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a prôné samedi à Abou Dhabi une action en Syrie pour favoriser une transition sans le président Bachar al-Assad.

"Face au prix énorme que le peuple syrien a déjà payé (...), il est plus que jamais urgent d'agir pour dépasser les divisions en faveur d'une transition politique", a déclaré Jean-Yves Le Drian devant les participants à une conférence sur la défense dans le Golfe à Abou Dhabi.

Des centaines de civils enlevés

Dans le même temps, de violents combats entre rebelles et troupes du régime de Bachar al-Assad se poursuivaient, samedi, autour de plusieurs aéroports, notamment militaires, dans la région d'Alep (nord), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Plus de 300 civils, dont des femmes et des enfants, ont été enlevés en deux jours dans le nord-ouest de la Syrie, des rapts à caractère confessionnel sans précédent depuis le début du conflit il y a bientôt deux ans, ont rapporté samedi une ONG et des habitants.

Les enlèvements, impliquant pour la première fois un grand nombre de femmes et d'enfants, ont commencé jeudi. Plus de 40 civils des villages chiites d'al-Foua et Kafraya, dans la région d'Idleb, ont d'abort été kidnappés par un groupe armé, puis plus de 70 personnes originaires de villages sunnites ont été enlevées en représailles par des groupes pro-régime.

Plus tard, des dizaines de sunnites ont été enlevés dans d'autres localités de la région par des groupes pro-régime, a précisé l'OSDH.

"En deux jours, le nombre de personnes enlevées a augmenté jusqu'à dépasser les 300 personnes", a affirmé Rami Abdel Rahmane, président de l'ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins.

La majorité des rebelles combattant le régime sont des sunnites, tandis que le clan du président est alaouite, une branche du chiisme.

Un habitant du village d'al-Foua a fait état de l'enlèvement de centaines de sunnites après celui de plus de 40 chiites, tout en précisant que les femmes et enfants sunnites avaient été ensuite libérés. Selon lui, les rapts sont fréquents dans la région et les victimes sont souvent libérées dans un échange.

Les enlèvements sont quasi-quotidiens depuis la militarisation du conflit déclenché en mars 2011 par une révolte populaire durement réprimée, mais l'ampleur de ces rapts est sans précédent, estime l'OSDH qui dénonce un "crime de guerre".

FRANCE 24 avec dépêches