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Lors de son discours sur l'état de l'Union mardi soir devant le Congrès, le président américain a plaidé pour des mesures salariales en faveur de la classe moyenne, une réforme de la politique migratoire et la réglementation des armes à feu.

Le président américain Barack Obama a présenté, mardi soir, lors de son premier discours sur l'état de l'Union depuis sa réélection, un ambitieux programme de réformes en se concentrant surtout sur des questions de politique interne. Pour parvenir à ses fins, sur les sujets prioritaires que sont, selon lui, la création d'emplois, le renforcement du contrôle des armes à feu et la réforme de la politique d'immigration, il a exhorté, à plusieurs reprises, le Congrès à surmonter ses divisions.

Porté par sa victoire du mois de novembre, c’est un président détendu et souriant qui s’est engagé à "réanimer" une "classe moyenne vigoureuse et prospère ", en proposant notamment de relever le salaire minimum, d’investir encore plus dans les infrastructures, l'éducation et l'énergie renouvelable, tout en œuvrant pour la résorption des déficits.

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François Durpaire, Historien spécialiste des États-Unis

Augmenter le salaire minimum

Retrouvant les accents de sa dernière campagne électorale, le président a déclaré : "c'est notre tâche inachevée que de garantir que l'État œuvre en faveur des plus nombreux et non pas de quelques-uns".

Barack Obama a annoncé sa volonté de relever le salaire minimum horaire qui devrait passer de 7,25 dollars à 9 dollars, soit un bond de 24,1 %, d'ici à 2015. "Dans la nation la plus riche du monde, aucune personne qui travaille à plein-temps ne doit être contrainte de vivre dans la pauvreté", a-t-il indiqué.

Le président a également proposé de nouveaux investissements dans les programmes scolaires et de mettre l’accent sur les mathématiques et les sciences afin de mieux préparer les élèves au marché du travail du XXIe siècle. En outre, Barack Obama a préconisé d'investir 50 milliards de dollars dans la réfection de routes, de voies ferrées et de ponts, du moins ceux qui sont dans un état de délabrement.

Anticipant les tensions à venir avec la Chambre des représentants, à majorité républicaine, le locataire de la Maison blanche a déclaré qu'il était déterminé à réduire le déficit et à maîtriser les comptes publics, mais seulement à travers une "approche équilibrée". Il a notamment affiché sa volonté de réformer la fiscalité en supprimant certaines niches fiscales et en augmentant les impôts pour les ménages les plus riches.

"La réduction du déficit seule n'est pas un plan économique", a-t-il dit, dans une pique clairement adressée au camp républicain.

L’immigration, une question prioritaire

Les défenseurs du renforcement de la politique environnementale, de la réforme de la question de l'immigration et du contrôle des armes à feu attendaient avec impatience le discours de mardi. Le président Obama s’est donc consciencieusement, et non sans passion, atteler à répondre à leurs attentes.

Bien qu'il n'ait pas proposé un plafond pour réduire sensiblement les émissions de CO2 des États-Unis, le président s'est engagé à ce qu'une partie des revenus pétroliers serve à constituer un fonds de sécurité énergétique qui permettra de diminuer la dépendance du pays au pétrole. Il a également prévenu qu'en l'absence d'avancées législatives significatives sur le sujet, il procéderait par décrets.

" Si le Congrès n'agit pas rapidement pour protéger les générations futures, je le ferai (…), j'ordonnerai à mon cabinet de me présenter les textes que nous pouvons prendre, maintenant et à l'avenir, pour réduire la pollution, préparer nos communautés aux conséquences du changement climatique, et accélérer la transition vers davantage de sources d'énergies renouvelables", a-t-il lancé.

En matière d'immigration, Barack Obama a exhorté le Congrès à adopter une loi "globale" de réforme du système d'immigration. Des sources proches de la présidence confient que la refonte de la politique migratoire est l'une des questions prioritaires du président. Huit sénateurs - quatre démocrates et quatre républicains - ont présenté fin janvier un plan visant à offrir, sous conditions, la perspective d'une régularisation, voire d'une naturalisation, aux quelque 11 millions de clandestins vivant sur le sol américain. "Nous savons ce qu'il y a à faire (...) Maintenant, faisons-le, envoyez-moi une loi de réforme globale de l'immigration au cours des prochains mois et je la signerai immédiatement", a promis le président américain.

Un vibrant appel en faveur du contrôle sur les armes

Concernant la question du contrôle des armes à feu, avec laquelle il a choisi de conclure son discours annuel, le président a su susciter des applaudissements nourris dans l'assistance, grâce à des propos chargés en émotion. "Je sais que ce n'est pas la première fois que le pays débat de la manière de réduire la violence par les armes. Mais aujourd'hui, c'est différent", a-t-il plaidé. Geste à l’appui, il a salué la mémoire de la jeune Hadiya Pendleton, une lycéenne tuée par balle à Chicago (Illinois, nord) quelques jours après avoir défilé à Washington pour son investiture le 21 janvier. Et ce, en présence de ses parents qui figuraient parmi les invités qui assistaient au discours présidentiel, aux côtés de plusieurs victimes de fusillades.

"Ils méritent une loi. Gabby Giffords (une ancienne élue gravement blessée à la tête par un tireur en janvier 2011, NDLR) mérite une loi. Les familles de Newtown (20 enfants et six adultes ont été abattus dans une fusillade dans une école du Connecticut, NDLR) méritent une loi (…)".

Le président Barack Obama, le vice-président Joe Biden et plusieurs sénateurs démocrates ont fait du durcissement des lois sur les armes une des priorités législatives dans la foulée de la fusillade de Newtown en décembre dernier. Les citoyens américains détiennent environ 310 millions d'armes à feu et en 2010 il y a eu dans le pays plus de 11 000 homicides commis avec de telles armes.

En janvier, le président avait déjà émis une série de décrets renforçant des lois existantes sur les armes. Il a prôné l'interdiction de la vente d'armes semi-automatiques, une limite sur les chargeurs de minutions à grande capacité et un renforcement des procédures de contrôle d’identité des acheteurs d'armes. "Si vous voulez voter contre, c'est votre choix. Mais ces propositions méritent d'être adoptées", a-t-il conclu.