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Accompagnés de parlementaires et de citoyens, des journalistes irakiens ont manifesté vendredi à Bagdad pour réclamer la libération de Nadir Dendoune, un reporter français emprisonné depuis le 23 janvier.

C’est un soutien inattendu. Le journaliste français Nadir Dendoune, emprisonné depuis 18 jours en Irak pour avoir photographié sans autorisation le QG des services de renseignement irakiens ainsi que des barrages de police et de l'armée, a reçu le soutien de ses confrères irakiens vendredi 8 février. L'Union nationale des journalistes irakiens (NUIJ), accompagnés de parlementaires et de citoyens irakiens, se sont en effet rassemblés à Badgad pour réclamer sa libération.

"C’est un geste très fort. La médiatisation de son cas est une bonne chose parce qu’il va devenir encombrant pour les autorités irakiennes", souligne à FRANCE 24 Soazig Dollet, la responsable du bureau Moyen-Orient et Afrique du Nord à Reporters sans frontières (RSF). "Mais derrière le cas emblématique de Nadir Dendoune, c’est aussi une occasion formidable de parler de ce que subissent tous les jours les journalistes irakiens", poursuit-elle.

"Nadir Dendoune a le droit à la liberté"

Avec pour seule arme des portraits du reporter, les journalistes irakiens, dont le pays arrive 150e au classement mondial de la liberté de la presse selon RSF, ont en effet profité de l'occasion pour dénoncer leurs conditions de travail. "Notre syndicat demande la libération immédiate de Nadir Dendoune. Nous intensifierons notre combat tant qu'il sera détenu. Nous porterons notre voix jusqu'aux institutions gouvernementales et nous défendrons les droits des journalistes à faire leur travail selon la loi et non sous le contrôle d'officiers militaires", écrit le syndicat dans un communiqué de presse. "Nadir Dendoune a le droit à la liberté et à l'application des lois qui la garantissent. Utiliser un appareil photographique n'est pas interdit dans les rues de Bagdad surtout si c'est un outil pour faire son travail", poursuivent-ils.

Arrêté le 23 janvier alors qu’il réalisait un reportage près d'une usine de traitement d'eau à Dora, dans le sud de la capitale irakienne, Nadir Dendoune a comparu le 5 février devant un juge d'instruction qui l'a maintenu en détention sans préciser le motif de son inculpation. Le reporter a pu "donner sa version des faits" durant sa comparution, selon un témoin interrogé par l’hebdomadaire "Le Point". "Il est apparu cohérent bien qu'affaibli", explique ce même témoin.

Le journaliste de 40 ans, connu pour son engagement en faveur du droit des immigrés en France ou des Palestiniens, a assuré à un journaliste de l’AFP présent sur place qu'il essayait  "de garder le moral". "Ce n'est pas si simple. Mais je suis mieux traité maintenant", a-t-il ajouté lors de cette première comparution.

Une délégation française attendue en Irak

Une délégation composée de représentants de RSF, d’un avocat mais aussi de membres du comité de soutien du journaliste indépendant envoyé en Irak par "Le Monde diplomatique" pourrait partir mardi 12 février sous réserve de "l’obtention d’un visa", précise Soazig Dollet.

En attendant, la mobilisation se poursuit en France. Alors que le Quai d’Orsay a convoqué le 7 février l’ambassadeur d’Irak en France pour lui signifier qu’il souhaitait la libération de Nadir Dendoune "dans les meilleurs délais", plusieurs pétitions ont déjà recueilli des milliers de signatures. Dernière en date, celle de RSF, signée par une cinquantaine de journalistes, dont les anciens otages en Irak Florence Aubenas et Georges Malbrunot.