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Le XV de France doit afficher samedi toute la maîtrise de son jeu qui lui a fait défaut la semaine dernière en Italie pour s'offrir un premier succès dans le Tournoi des VI nations face à un pays de Galles englué dans une série de défaites.

Le Tournoi des Six Nations en est seulement à sa deuxième série de matches ce
week-end mais la France et le Pays de Galles se retrouvent déjà dos au mur après une défaite qui a détruit leurs espoirs de Grand Chelem et peut-être de victoire finale.

Pour expliquer cette situation, Philippe Saint-André, sélectionneur du XV de France, a développé une théorie originale.

"C'est la beauté du rugby, le ballon est ovale et on reste un sport d'affamés", a-t-il dit laissant entendre que Gallois et Français avaient peut-être perdu leur appétit.

Les Gallois parce qu'ils étaient au sommet de l'Europe après leur Grand Chelem de 2012 et sont englués depuis dans une série de huit défaites.

Les Français parce qu'ils restaient sur quatre victoires d'affilée, en visaient une cinquième à Rome et ont reçu un camouflet de l'Italie.

Le match de samedi au Stade de France sera donc une rencontre à victoire obligatoire pour les deux équipes.

Pour y parvenir, Saint-André à joué de plusieurs méthodes.

Dans les heures qui ont suivi le 23-18 de Rome, seconde défaite seulement du XV de France face à l'Italie depuis que le Tournoi est passé à six, il a fait voler les mots comme un Bernard Laporte aurait pu le faire dans de telles circonstances.

Les mots de "colère", "envie", "haine", "casque à pointe", "énorme combat" sont apparus dans son vocabulaire habituellement bien lissé.

"On voit la moelle d'un joueur de très haut niveau non pas dans une dynamique de victoires mais plutôt dans la défaite. L'important c'est de se nettoyer les neurones, le bulbe pour pouvoir relever la tête", a-t-il ajouté.

Parallèlement, le sélectionneur du XV de France a joué les diplomates. En reconduisant dès le lendemain de la défaite les joueurs valides présents sur la feuille de match au lieu de déclencher une purge comme bon nombre de ses prédécesseurs.

L'accent a été mis aussi sur la valeur de l'équipe d'Italie plus que sur les insuffisances de l'équipe de France.

" Contrat moral"

Et quand est venu le moment de former le XV qui débutera le match contre Galles, il a reconduit 13 des 15 titulaires de Rome avec comme seules exceptions la promotion de Mathieu Bastareaud à la place de Florian Fritz au centre et le remplacement du
deuxième ligne et capitaine Pascal Papé, blessé, par Jocelino Suta.

Thierry Dusautoir a naturellement retrouvé le brassard de capitaine.

A part ceux qui devaient rêver en secret de titularisation, les joueurs ont apprécié.

Le talonneur remplaçant Benjamin Kayser et le pilier Yannick Forestier l'ont dit, chacun à sa façon.

"Il y a un contrat moral qui a été passé entre les coachs et les joueurs", a dit le premier.

"Moi, je suis quelqu'un qui fonctionne un petit peu à l'ancienne", a dit le second. "On a la chance d'avoir été mis dans ce groupe de 23, donc je remercie le staff et les
sélectionneurs et on n'a pas le droit, excusez l'expression, de leur chier dans les bottes."

La volonté de rachat est ainsi devenue le sentiment dominant.

Les réunions se sont aussi orientées vers le jeu des Gallois, dont l'entraîneur-adjoint Patrice Lagisquet dit ne pas comprendre comment ils ont pu aligner huit défaites dans les huit matches qu'ils ont joués depuis la victoire 16-9 sur la France, Grand Chelem à la clé le 17 mars 2012.

Comme s'ils voulaient se donner ce que les joueurs de rugby appellent "peur positive, la sainte frousse", les Français ont imaginé une équipe galloise à la ligne de trois-quarts de fort tonnage et prête à prendre tous les risques pour gagner.

Un nouvel épouvantail est apparu, la défense inversée des Gallois. C'est elle qui a provoqué le seul changement tactique avec la titularisation du perce-muraille Mathieu Bastareaud.

Mais finalement c'est en son sein que l'équipe de France a cherché les moyens de réagir.

"La défaite en Italie ne souffre d'aucune excuse. Quand, au niveau des contacts et des duels, on perd 16 ballons, on ne peut pas gagner un match", a asséné Philippe Saint-André.

"À ce groupe de montrer une grosse rébellion, une grosse solidarité et de faire un gros match samedi devant son public."

Reuters