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À Paris, Google et les éditeurs de presse jouent les prolongations

Malgré la date-butoir du 31 janvier 2013, Google et la presse s’affrontaient encore, vendredi, à la table des négociations. L’enjeu est de taille : la participation du moteur de recherche au financement de la presse française.

Jeudi 31 janvier, minuit. L’échéance fixée par François Hollande vient d’expirer mais  aucune annonce d’accord n’a eu lieu entre Google et les éditeurs de presse français. Selon une journaliste de l’AFP, les négociations se poursuivent. Du côté du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), l'un des représentants des éditeurs interrogé par FRANCE 24, on se refuse à tout commentaire, si ce n'est que les participants sont toujours autour de la table et qu’"un communiqué sera bientôt publié".

Les négociations, qui durent depuis début décembre, devaient s’achever à la fin de l’année 2012. Mais le gouvernement a donné un mois supplémentaire aux deux parties pour parvenir à une entente à l’amiable, plutôt que de recourir à une loi.

Les éditeurs souhaitent que Google accepte de mettre la main à la poche pour aider financièrement la presse française. Pour faire pression sur la firme, ils ont soumis, fin septembre, un projet de loi au gouvernement consistant à faire payer des droits aux moteurs de recherche dès que les articles d’un titre de presse sont référencés.

La réponse de Google : le déréférencement pur et simple

Face à cette menace, Google a répondu clairement aux éditeurs. Dans un courrier envoyé au gouvernement et que l’AFP a rendu public mi-octobre, le roi des moteurs de recherche menace de "déréférencer les sites de presse français" si une taxe sur les liens devait lui être imposée.

Google et les autres pays

Il n’y a pas que les éditeurs français qui bataillent contre Google. En Allemagne, un projet de taxe a été adopté le 29 août dernier : il oblige les moteurs de recherche à reverser des commissions aux éditeurs de presse internet. À l’inverse, au Brésil, l’Association nationale des journaux brésiliens s’est retirée de Google Actualités en 2011. Elle reconnaît une perte de trafic de 5 %, mais estime que "c’est le prix à payer pour la protection du journal et de sa marque". Néanmoins, cette suppression concerne surtout les contenus présents dans les versions imprimées. Les contenus propres au Web sont donc toujours référencés sur Google.

C’est pourtant une idée appuyée par le président de la République, François Hollande. Lors de ses vœux à la presse, le 16 janvier, il a affirmé qu’il était "normal que ceux qui tirent profit de l'information produite par [le travail des éditeurs de presse] participent à sa prise en charge", avant de préciser que "si les négociations avec les éditeurs de presse n'aboutissent pas, il y aura une disposition législative ou fiscale".

Il faut dire que le géant américain, qui a publié ses résultats annuels en janvier, a les moyens d’être généreux, avec un chiffre d’affaires dépassant les 50 milliards de dollars, et un bénéfice net annuel en hausse de 10 %, à 10,74 milliards de dollars.

Première tentative, démentie aussitôt

Un premier signe de dénouement est apparu le 18 janvier, quand lemonde.fr a annoncé que Google avait proposé aux éditeurs "un revenu annuel de 50 millions d’euros, qui se découperait en trois tiers. Premièrement, de l'achat d'espace publicitaire par Google, sur les supports papier et numériques de la presse ; deuxièmement, une collaboration commerciale entre les éditeurs et le moteur de recherche ; troisièmement, l'utilisation par les éditeurs de la plateforme publicitaire AdSense de Google, sur laquelle le groupe américain leur garantirait un minimum de chiffre d'affaires".

Un montant que les patrons de presse auraient jugé insuffisant, toujours selon le quotidien du soir. Mais l'Association de la presse d'information politique et générale (IPG), l'autre représentant des éditeurs avec le SPQN, a démenti aussitôt l’existence même d’un accord.

Aujourd’hui, deux scénarios se profilent. Si aucun accord n’est trouvé, les regards se tourneront alors vers le législateur, à qui les éditeurs demanderont de mettre sa menace - la fameuse "taxe Google" - à exécution. Deuxième option, plus conciliante : ces quelques heures supplémentaires de négociations  aboutissent à un accord commercial d’un montant qui se chiffrera en dizaines de millions d’euros. Un compromis donnant-donnant qui pourrait donner des idées aux éditeurs de presse étrangers.