L'attentat-suicide perpétré vendredi devant l'ambassade des États-Unis à Ankara, a fait deux morts et fit plusieurs blessés. Samedi, le groupe d'extrême-gauche appelé le Parti-Front de libération populaire a revendiqué l'attaque.
Le groupe d'extrême gauche turc DHKP-C (Front de libération populaire) a revendiqué, samedi 2 février, l'attentat-suicide commis la veille contre l'ambassade des États-Unis à Ankara.
"Notre guerrier […] a mené cette action d'auto-sacrifice le 1er février 2013, en entrant dans l'ambassade des États-Unis, meurtriers du peuple du monde", a déclaré le DHKP-C dans un communiqué posté sur un site Internet proche du groupe.
Le kamikaze a été présenté par la presse comme un ancien détenu gréviste de la faim gravement malade. "Selon l’enquête menée par les artificiers de la police, l'activiste a fait exploser une charge d'environ six kg de TNT", a indiqué samedi le gouvernorat d'Ankara dans un communiqué.
Outre l'auteur de l'attentat, l’explosion de la bombe a tué un agent turc de sécurité et gravement blessé une femme. Cette dernière se trouve dans un état critique.
Complexe sécurisé
L'explosion n'a pas causé de dommages à l'intérieur du complexe de l'ambassade, située dans le quartier où sont installées la plupart des représentations diplomatiques de la capitale turque, selon un membre turc du personnel de l'ambassade. Des mesures de sécurité ont immédiatement été prises dans l'ambassade, avec interdiction pour le personnel de quitter les locaux, a ajouté cette source.
"Il y a eu une explosion à l'ambassade des États-Unis à environ 13h15 [11h15 GMT, NDLR]. Les mesures appropriées ont été prises par la police turque qui enquête maintenant sur l'incident", a affirmé l'ambassade dans un communiqué. "Nous sommes bien sûr très tristes, nous avons perdu l'un de nos gardiens turcs à l'entrée", a déclaré à la presse l'ambassadeur américain, Francis Ricciardone.
"Le complexe est sécurisé, nous nous sentons tous en sécurité grâce à votre action", a ajouté le diplomate à l'adresse des autorités turques, "nous sommes chez des amis [...], nous allons continuer à combattre le terrorisme ensemble".
"Comme un séisme"
De nombreux véhicules de pompiers et ambulances ont été dépêchés sur les lieux, où se sont rendus les principaux responsables de la police turque et des représentants du ministère turc des Affaires étrangères.
Ahmet Mete, travaillant pour une société d'assurance à une centaine de mètres de l'endroit où s'est produit l'explosion, a déclaré à l'AFP avoir entendu "une violente déflagration". "C'était comme si un séisme se produisait", a-t-il ajouté. "Tous les jours, des centaines de personnes viennent ici pour faire une demande de visa. La zone est très protégée depuis des années. Il y a trois barricades sur cette rue", a-t-il ajouté.
Cette explosion intervient alors que les États-Unis, l'Allemagne et les Pays-Bas viennent de déployer sur le territoire turc, sous couverture de l'Otan, des batteries de missiles sol-air Patriot destinées à le protéger d'éventuelles attaques syriennes.
Les chaînes de télévision turques ont établi un lien entre cet attentat et une prochaine visite du nouveau secrétaire d'État américain, John Kerry, en Turquie, probablement à la fin de février.
Les responsables turcs et américains n'ont pas fait état de revendications. "Nos unités de sécurités travaillent intensément pour éclaircir la situation et arrêter au plus vite les coupables", a déclaré à l'agence Anatolie le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, depuis Belgrade.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a, pour sa part, souligné lors d'un meeting à Istanbul la nécessité de "mener ensemble le combat contre le terrorisme partout dans le monde".
Les États-Unis avaient déjà été visés en 2008 par un attentat contre leur consulat général à Istanbul. Trois personnes avaient alors ouvert le feu sur le poste de sécurité de l'entrée principale du consulat américain, tuant trois policiers.
Les trois hommes, liés à la mouvance islamiste, avaient été abattus pendant l'assaut.
Les rebelles séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des groupuscules armés d'extrême gauche ont déjà commis dans le passé des attentats à Ankara.
La France condamne avec "la plus grande fermeté" cet attentat, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius qui a tenu à exprimer sa "solidarité aux autorités américaines et turques".
FRANCE 24 avec dépêches