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Les partisans du mariage gay dans la rue pour "l’égalité des droits"

Depuis 14 heures, des milliers de partisans du mariage pour tous défilent dans Paris pour soutenir le projet de loi controversé, examiné à l'Assemblée mardi. L’occasion pour eux de réaffirmer qu’il est largement soutenu dans la société.

Quinze jours après la démonstration de force des opposants au projet de loi contre le mariage pour tous, c’est au tour des partisans de descendre dans la rue, dimanche 26 janvier à Paris, pour leur première manifestation nationale. À 14 heures, ils sont partis de Denfert-Rochereau pour rejoindre la place de la Bastille avec pour mot d'ordre "l'égalité des droits".

"L'objectif est de montrer que cette réforme est soutenue très largement dans la société, et de réaffirmer qu’elle va permettre de sécuriser des milliers d’enfants et de familles homoparentales qui existent aujourd’hui", explique Nicolas Gougain, porte-parole de l'Inter-LGBT (Lesbiennes, Gay, Bi et Trans), à l'origine de la mobilisation avec le collectif Agissons pour l'égalité. L'appel à manifester est relayé par une large palette de syndicats (CFDT, UNSA, CGT, FSU, Solidaires), d'associations de défense des droits de l'Homme (Ligue des droits de l'Homme, SOS Racisme...) ou des droits des femmes (Planning familial, Osez le féminisme), ainsi que des partis politiques de gauche.

"Je veux dire à la France entière qu’on veut les même droits que tout le monde"

Pauline Duverger, présidente du Mouvement d’affirmation des jeunes gay (MAG), compte bien être en première ligne du cortège pour soutenir le projet de loi. "Je veux dire à la France entière qu’on veut les même droits que tout le monde", affirme-t-elle.

Le défi est de mobiliser davantage que le précédent défilé parisien pro-mariage gay du 16 décembre (60 000) et aussi de riposter aux "anti", qui avaient rassemblé le 13 janvier 340 000 personnes, selon la police. Anne et Jacques Desfontaines, militants socialistes, ont choisi de battre le pavé pour répondre aux opposants au mariage gay et dénoncer la position "rétrograde et choquante" des anti. "On ne leur enlève aucun droit, s’insurge Anne. Alors pourquoi empêcheraient-ils des gens qui s’aiment de vivre ensemble ?"

Jean-Christophe Labails, catholique de gauche, fera aussi partie du cortège car il estime ne pas se reconnaître dans le discours de l’Église. "Ce projet de loi ne va pas transformer la société, indique-t-il. On est vraiment sur des fantasmes et des peurs. J’ai simplement envie de leur dire : n’ayez pas peur !"

Pour Nicolas Gougain, ce rassemblement est aussi l’occasion de manifester "un ras-le-bol contre une homophobie décomplexée". Selon le Refuge, association d'aide aux victimes d'homophobie, les manifestations d'hostilité envers les homosexuels ont fortement augmenté depuis novembre, date du début du débat sur le mariage pour tous. En décembre, trois fois plus de témoignages ont afflué que l'année précédente. Et la tendance est de quatre fois plus en janvier 2013.

63% des Français pour le mariage gay

La manifestation vise également à appuyer le projet de loi, soumis au Parlement mardi.  "C’est d’abord des peurs et des doutes, que les gens exprimaient", commente Nicolas Gougain. Face à ces fantasmes agités par l’opposition, on entend appeler le gouvernement à prendre ses responsabilités en faisant preuve de plus de pédagogie et de courage dans la présentation du projet".

Le chef de l'État a écarté une nouvelle fois tout recours au référendum sur ce sujet sociétal, comme le réclament des associations et 200 parlementaires. L'opinion, selon un dernier sondage Ifop, est de plus en plus favorable au mariage homosexuel : 63% des Français l'approuvent (contre 60% début janvier) et 49% (+3 points) sont aussi favorables à l'adoption par des couples du même sexe.

À partir de mardi débutera l'examen du texte à l’Assemblée : plus de 5 300 amendements, un nombre inhabituellement élevé, ont été déposés, dont l'essentiel émane de l'opposition. Par ailleurs, les associations anti-mariage gay comptent faire entendre une nouvelle fois leurs voix en appelant à des défilés le 2 février.