Lors d'une mobilisation d'opposants au Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, l'armée a ouvert le feu, ce vendredi, sur des manifestants à Falloujah, ville à majorité sunnite, tuant quatre personnes.
Quatre personnes ont été tuées et 19 autres blessées lorsque l'armée irakienne a ouvert le feu vendredi, apparemment pour disperser une manifestation anti-gouvernementale, à Falloujah, une ville à majorité sunnite à l'ouest de Bagdad, selon des responsables.
Il s'agit des premières victimes à imputer aux forces de sécurité irakiennes depuis le début, il y a un mois, d'une vague de manifestations de la minorité sunnite, qui proteste contre la politique du gouvernement de Nouri al-Maliki, dominé par les chiites.
Les manifestants se dirigeaient vers une zone de l'est de Falloujah mais ont été bloqués par des soldats, a indiqué un capitaine de l'armée irakienne. Ils ont commencé à lancer des bouteilles d'eau en direction des soldats, qui ont alors ouvert le feu, selon cet officier.
Un médecin du principal hôpital de Falloujah, situé à 60 km à l'ouest de Bagdad, a confirmé le bilan.
On ignorait dans l'immédiat si les soldats avaient tiré sur la foule ou en l'air.
La manifestation de Falloujah est une des nombreuses mobilisations organisées un peu partout dans le pays après la prière du vendredi.
D'autres se déroulaient à Ramadi, une ville proche de Falloujah également à majorité sunnite, et dans les villes de Samarra, Mossoul et Baqouba, au nord de Bagdad.
Plusieurs rassemblements se tenaient par ailleurs dans des villes sunnites des abords de Bagdad.
A Ramadi, chef-lieu de la province d'Anbar à une centaine de km à l'ouest de Bagdad, où la contestation a commencé, les manifestants mobilisés depuis un mois bloquent une autoroute qui se scinde en deux branches pour relier Bagdad à la Jordanie et à la Syrie.
A Baqouba, capitale de la province de Diyala au nord de Bagdad, les manifestants brandissaient des drapeaux appelant à la "chute du régime", et des bannières proclamant "l'Iran dehors, Bagdad toujours libre". Des sunnites accusent le gouvernement irakien d'être sous l'influence de l'Iran chiite.
"Le gouvernement devrait répondre immédiatement aux demandes des manifestants, avant que nous commencions une révolution et que nous le renversions", a déclaré un chef tribal désilant à Baqouba, Hassan al-Zaïdi.
Les sunnites ont commencé à manifester dans l'ouest et le nord de l'Irak, dans des zones où ils sont majoritaires, quelques jours après l'arrestation le 20 décembre de gardes du corps du ministre sunnite des Finances, Rifaa al-Issawi.
Pour apaiser les manifestants, les autorités irakiennes ont annoncé mardi la libération de 888 détenus en deux semaines.
Outre la libération de prisonniers détenus d'après eux sans inculpation, les contestataires exigent l'abrogation de lois antiterroristes utilisées, selon eux, à l'encontre de la communauté sunnite par le gouvernement Maliki.
Ces manifestations ont renforcé l'opposition contre M. Maliki, accusé d'autoritarisme par ses détracteurs sunnites, mais aussi kurdes et chiites, membres de son gouvernement d'union nationale.
Elles ont aggravé une crise politique qui perdure, à trois mois d'élections provinciales cruciales qui constitueront un test pour M. Maliki et ses opposants, avant des élections nationales en 2014.
AFP