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À la suite de la décapitation, le 9 janvier, d’une jeune domestique sri lankaise condamnée à mort en Arabie saoudite, Colombo a décidé d’interdire à ses ressortissantes d’exercer comme employées de maison à l’étranger, par mesure de protection.
Les femmes sri lankaises de tous âges ne seront bientôt plus autorisées à partir travailler à l'étranger pour occuper des postes de domestiques. La première étape de la mesure a été annoncée jeudi 24 janvier par le ministre de l'Information, Keheliya Rambukwella : les femmes âgées de moins de 25 ans n'auront plus le droit d’exercer en Arabie saoudite en tant qu’employées de maison. Cette décision sera par la suite étendue à tous les pays et tous les âges pour des emplois peu rémunérés.
"Dans un premier temps nous fixons l'âge limite à 25 ans. Nous irons graduellement vers une interdiction totale des femmes partant à l'étranger pour occuper des emplois à faible rémunération", a déclaré le ministre à la presse, sans préciser la date de mise en application de cette mesure. Keheliya Rambukwella a par ailleurs indiqué que les autorités avaient commencé à décourager les femmes de se rendre au Proche-Orient, en particulier en Arabie saoudite où la plupart des domestiques sont payées moins de 300 dollars par mois.
Rizana Nafeek, l'élément déclencheur
Cette initiative du gouvernement intervient après la décapitation au sabre, le 9 janvier à Ryad, de Rizana Nafeek, une domestique sri lankaise accusée d'avoir tué par étouffement un bébé après une dispute avec son employeur, la mère de l'enfant. La jeune femme avait affirmé que le bébé s'était étouffé accidentellement en buvant son biberon.
L’exécution avait provoqué une vive réaction au niveau international. Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, s’était notamment dite "consternée". Selon Human Rights Watch (HRW), Rizana Nafeek était mineure aux moments des faits, élément important étant donné que le droit international interdit la peine de mort pour les crimes commis avant l'âge de 18 ans. Mais son âge avait été falsifié, avant son arrivée en Arabie saoudite, par une agence de recrutement au Sri Lanka, pour faire croire qu'elle avait 23 ans afin qu'elle puisse émigrer pour travailler.
Le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapaksa, avait écrit le 6 janvier au roi Abdallah d'Arabie saoudite pour plaider la cause de la domestique et demander un accord à l'amiable avec la famille de la victime.
Près de 1,7 million de Sri Lankais sont actuellement employés à l'étranger. L’an dernier, six milliards de dollars ont été envoyés par les expatriés dans le pays, constituant une ressource cruciale en devises étrangères pour le gouvernement.
FRANCE 24 avec dépêches