logo

Les élections législatives, un test pour le roi Abdallah II

Les Jordaniens sont invités à renouveler leur Parlement mercredi. Face à l'appel au boycott lancé par les Frères musulmans, le scrutin ne devrait pas mettre un terme aux remous politiques qui secouent le royaume hachémite depuis deux ans.

C’est le premier test grandeur nature depuis le début du Printemps arabe. Deux ans après le début de la contestation du pouvoir du roi Abdallah II, 2,27 millions de Jordaniens sont appelés aux urnes mercredi pour élire leurs députés. Ces élections anticipées présentées par la monarchie comme le moteur de nouvelles réformes économiques et politiques, sont d’ores et déjà boycottées par l’opposition, notamment les Frères musulmans, première force politique du pays.

"Nous sommes venus annoncer au régime que nous boycottons les élections", expliquait un manifestant vendredi à FRANCE 24 lors d’un rassemblement organisé par les Frères musulmans à Amman. "Ces élections sont ratées et truquées d’avance parce qu’elles sont basées sur une loi injuste", insistait-il en référence à la loi électorale actuellement en vigueur.

Un Parlement peu représentatif

Le texte ne réserve que 27 sièges aux partis politiques sur les 150 à pourvoir, laissant la prépondérance aux candidats indépendants locaux, donc aux tribus et aux hommes d’affaires proches du roi.

it
A Salt, à une trentaine de kilomètres d'Amman, la campagne électorale bat son plein
Les élections législatives, un test pour le roi Abdallah II

"Cette loi ne permet pas au peuple d’être représenté au Parlement et, en plus, la distribution des sièges sur le territoire n’est pas équitable", poursuivait un autre manifestant.

Pour les Frères musulmans, l’objectif est clair : l’établissement d’une République islamique en Jordanie. "Réjouissez-vous ! La conquête est imminente. L’avènement d’un Etat islamique sur cette terre pour que le bien règne est proche ! ", s’exclamait ainsi à la tribune vendredi, Hamman Saïd, le chef de la confrérie.

Dans l'immédiat, il semble difficile de réitérer l'exploit réalisé en 1989, sous l’ancienne loi électorale, par le Front d’action islamique. Le bras politique de la confrérie dirigé par Hamza Mansour, avait alors rencontré un succès aux élections législatives avec 27 sièges sur 80. Mais, en 2010, lors du scrutin anticipé organisé après la dissolution du Parlement par le roi, les islamistes avaient néanmoins boudé les urnes, en signe de protestation contre le découpage des circonscriptions.

Les Frères musulmans prêts à en découdre avec le roi

"Le système électoral qui nous est imposé depuis 1993 est non-démocratique et anticonstitutionnel", affirme Hamza Mansour, le secrétaire général du Front d’action islamique.

Le parti demande également que la Constitution soit amendée pour que le gouvernement soit issu de la majorité parlementaire, quitte à se fâcher avec le roi. "Nous veillons à ce que notre relation avec le roi soit positive, qu’il soit un roi pour tous et qu’il adopte les revendications du peuple. Je pense que pour le moment la communication entre nous est au plus mal", déplorait vendredi sur FRANCE 24 Hamza Mansour.

Bien qu’ils les boycottent, ces élections qui seront supervisées par une commission électorale en présence d’observateurs internationaux, ont valeur de test pour la confrérie. Une forte abstention saperait la crédibilité du nouveau Parlement et renforcerait leur mouvement de contestation.

Outre l’absence des Frères musulmans, le Front de réforme national de l'ex-Premier ministre Ahmad Obeidat, a également appelé ses partisans à bouder les urnes, limitant la portée du scrutin et des réformes qui pourraient en découler.