Afin de protester contre la réforme de la semaine de 4,5 jours à la rentrée 2013, les écoles maternelles et primaires de Paris sont massivement en grève ce mardi. Les syndicats reprochent au gouvernement de prendre une mesure de façade.
Les écoles parisiennes sont "massivement" en grève mardi contre le retour à la semaine de 4,5 jours à la rentrée 2013 annoncé par Bertrand Delanoë, un premier test social pour le ministre de l'Education Vincent Peillon.
Le gouvernement a décidé de renouer avec la semaine de 4,5 jours en septembre avec le mercredi matin (dérogations possibles pour la rentrée 2014 ou le samedi), réforme qui passera par un décret.
La journée de classe des lundi, mardi, jeudi et vendredi sera raccourcie en moyenne de 45 minutes, afin d'étaler les 24 heures de classe hebdomadaires pour favoriser les apprentissages.
Les enfants ne sortiront pas plus tôt, mais auront des activités périscolaires, culturelles ou sportives, organisées par les communes, avant ou après les cours de l'après-midi.
La capitale suivra cette réforme dès la rentrée 2013, sans que l'on connaisse encore le projet périscolaire.
Le mouvement parisien est "historique", selon Jérôme Lambert, du principal syndicat du primaire, le SNUipp-FSU Paris, qui a appelé à la grève avec une intersyndicale Snudi-FO, SE-Unsa, Sud-Education, Cnt-Ste et CGT Educ'action.
Mardi, 90% des instituteurs étaient en grève dans 570 des 662 écoles parisiennes, selon le SNUipp-FSU.
La mairie s'attendait aussi lundi à un mouvement "massif", avec 84% de grévistes et plus de la moitié des écoles entièrement en grève. Elle a mis en oeuvre le Service minimum d'accueil (SMA) dans 66 des 624 écoles qui ont plus de 25% de grévistes, en raison du "nombre restreint d'agents disponibles" qualifiés.
Une manifestation aura lieu à partir de 14H00, du métro Temple vers l'Hôtel de ville.
"Les enseignants, qui ont porté l'actuel gouvernement" "sont déçus" face à un "ravalement de façade", affirme M. Lambert, selon lequel "il faut reprendre le débat".
Ce mouvement "était prévisible, les enseignants et les parents sont assez insatisfaits de la manière dont se fait la réforme", indique Valérie Marty, la présidente de la fédération de parents d'élèves Peep.
"Il y a une exception parisienne, je la regrette", a déclaré le ministre de l'Education, Vincent Peillon, pour qui il n'y a "jamais de grève injustifiée".
Nicolas Wallet, professeur de CM2, du SNUipp, ne trouve "pas crédible" la promesse d'un "périscolaire qui va durer 45 minutes par jour" avec "des choses formidables". Les profs vont "faire le même nombre d'heures, mais avec une amplitude plus importante", s'inquiète-t-il.
Son école, dans le IVe, est "près de Beaubourg, du Louvre et du musée Victor Hugo", mais tous n'ont pas cette chance, dit-il, craignant qu'on "aggrave les inégalités".
Anne Hidalgo (PS), première adjointe au maire de Paris, a admis sur RTL que "des craintes, des inquiétudes" existent. "On va engager le dialogue", "je reste persuadée qu'on va pouvoir convaincre. Ce qui nous guide, c'est l'intérêt des enfants", a-t-elle souligné.
"On attend les réunions publiques que la mairie va organiser" à partir de jeudi "pour voir ce qu'elle a à proposer", indique Anne Coret, secrétaire adjointe de la FCPE 75.
"La question ne porte pas sur l'opportunité de la réforme mais sur le fait que la Ville n'est pas prête", estime Jean-Baptiste Menguy, conseiller de Paris UMP chargé des questions d'éducation, qui déplore une absence de service minimum dans des écoles, alors qu'il est prévu par la loi.
"Revenir à 4,5 jours c'est une bonne chose, mais pas n'importe comment, et là, c'est assez flou", estime Marion, maman de Maxime, élève de maternelle dans le IXe. Cette fois, elle peut compter sur la nounou, mais elle craint que d'autres grèves suivent.
Le SNUipp-FSU appelle mercredi à une journée d'action, cette fois nationale, pour sensibiliser aux besoins des écoles pour la rentrée.
AFP