
Le 44e président américain a prêté serment et prononcé un discours d’une vingtaine de minutes à l'occasion de la cérémonie d'investiture marquant le début de son deuxième mandat à la présidence américaine.
Plusieurs centaines de milliers d’Américains se sont massés à Washington, ce lundi, pour assister à l’intronisation de Barack Obama, réélu pour un second mandat le 6 novembre dernier.
itLe 44e chef d’État américain et son vice-président, Joe Biden, avaient déjà prêté serment une première fois la veille en comité restreint, sur deux Bible ayant appartenu à l’instigateur de l’abolition de l’esclavage, Abraham Lincoln, et à Martin Luther-King.
Dans son discours d’investiture prononcé au Capitole, le président américain s'est attaché à aborder les thèmes de liberté et d’égalité chers à son électorat. "Notre voyage ne sera pas terminé tant que nos femmes, nos mères et nos filles ne pourront gagner leur vie comme le méritent leurs efforts. Notre voyage ne sera pas terminé tant que nos frères et sœurs homosexuels ne seront pas traités comme tout le monde par la loi", a-t-il martelé. Un appel historique en faveur de la cause gay à l’heure où la Cour suprême s'apprête à trancher la question du mariage homosexuel. Le sujet avait été complètement passé sous silence il y a quatre ans, lors de la première investiture de Barack Obama. Parmi ses prédécesseurs, seul Bill Clinton avait mentionné, lors de sa première investiture en 1993, le "combat contre la crise mondiale du sida", ce qui avait ému le mouvement homosexuel.
itPrincipale source d’inquiétude pour les Américains, le président n’a pas omis les questions économiques et sociales qui divisent particulièrement la classe politique américaine. "La prospérité de l'Amérique doit reposer sur les larges épaules de la classe moyenne", a-t-il notamment déclaré. "Nous ne pouvons nous méprendre en instituant l'absolutisme comme principe, en substituant le spectacle à la politique, ou en faisant de l'échange d'injures un débat raisonnable", a-t-il poursuivi, appelant implicitement à l’union avec le Parti républicain qui demeure majoritaire à la Chambre des représentants.
Excellent sur la forme, mais loin de résoudre les tensions sur le fond. Pour les adversaires républicains du président, le discours d'investiture annonce une politique plus marquée à gauche, malgré les appels traditionnels au consensus.
"Excellent discours, très bonne exécution", admet dans un sourire l'ancien candidat républicain à la présidentielle de 2008 John McCain, dans les couloirs du Capitole. Mais, "il n'y a eu que très peu de main tendue à l'autre camp", regrette-t-il.
L'aile droite des républicains n'a pas tardé à critiquer les chantiers annoncés par Barack Obama pour le mandat qui s'ouvre, notamment la réforme de l'immigration, la défense des programmes sociaux et le changement climatique.
"Il va pousser le pays à gauche, et nous allons faire en sorte de le ramener à droite", lance Tim Scott, un nouveau sénateur proche des ultra-conservateurs du "Tea Party" qui parle d’ores et déjà de la "lutte acharnée" à venir.
Autre volet de son discours : le réchauffement de la planète. Barack Obama a assuré que les États-Unis réagiraient "à la menace du changement climatique, en gardant à l'esprit que ne pas le faire constituerait une trahison pour nos enfants et les générations futures".
Pour une paix durable
Sur le plan international, le président investi s’est engagé à maintenir les "alliances fortes" que les États-Unis ont établies partout dans le monde. "Personne n'a plus intérêt à un monde en paix que le pays le plus puissant", a-t-il plaidé, promettant de "soutenir la démocratie de l'Asie à l'Afrique, des Amériques au Moyen-Orient".
Rappelant que le pays sortait d’une décennie de guerre, Barack Obama, à l’origine du retrait des troupes américaines d’Irak, a promis de mettre fin au conflit en Afghanistan d'ici à la fin de 2014. "Nous, le peuple, croyons toujours qu'une sécurité immuable et une paix durable ne nécessitent pas une guerre perpétuelle."
"Nous ferons preuve du courage pour résoudre nos différends avec d'autres pays pacifiquement, pas parce que nous sommes naïfs face aux dangers auxquels nous sommes confrontés mais parce que le dialogue permet de lever la suspicion et la peur de façon plus durable", a-t-il ajouté.
Pléiade de stars
Son discours plutôt solennel d’une vingtaine de minutes n’a pas fait état de propositions détaillées pour son nouveau mandat. Barack Obama devrait réserver ces annonces pour son discours sur l'état de l'Union qu'il prononcera devant le Congrès, le 12 février prochain. La réduction des déficits, le contrôle des armes à feu, la réforme de l'immigration et la politique énergétique seront probablement les priorités affichées.
Acclamé par la foule, il a, juste après son discours, laissé place à plusieurs artistes dont la chanteuse Beyoncé qui a entonné l'hymne national américain pour clore la cérémonie.
Puis le président et la première dame ont pris part, après le déjeuner, à la traditionnelle parade sur Pennsylvania Avenue, l’artère principale reliant le Capitole à la Maison Blanche. À cette occasion, le couple présidentiel est sorti pendant quelques minutes de sa limousine pour saluer la foule. Derrière le convoi présidentiel, ont participé à ce défilé des représentants des cinq branches des forces armées américaines : armée de terre, marine, armée de l'air, corps des marines et garde-côtes, mais aussi des fanfares - dont celle de l'ancien lycée de Barack Obama à Hawaii.
Comme le veut la tradition, la journée d’investiture doit s'achever avec plusieurs bals organisés au palais des Congrès, où Katy Perry, Stevie Wonder et les acteurs-chanteurs "oscarisés" Jamie Foxx et Jennifer Hudson se produiront.
FRANCE 24 avec dépêches