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Les Winter X Games, la plus grande compétition de sports extrêmes, débutent cette semaine à Aspen, aux États-Unis. FRANCE 24 a interviewé le Français Kevin Rolland, spécialiste de ski freestyle, qui va tenter de gagner le titre pour la 3e fois.

Difficile de joindre Kevin Rolland. Le réseau passe mal dans les Rocheuses. À quelques heures du début des Winter X Games, le Français s’entraîne à 2 400 m d’altitude, sur les lieux mêmes de la compétition, dans la station de ski d’Aspen dans le Colorado. Sur place depuis plusieurs jours, le jeune sportif de 23 ans est pressé de se lancer dans les qualifications qui débutent jeudi 24 janvier. "C’est la plus grosse compétition au monde de sports extrêmes. C’est une bonne ambiance. Un show à l’américaine avec énormément de public, mais aussi beaucoup de performances. Il y a les 16 meilleurs 'riders' au monde", explique à FRANCE 24 le skieur originaire de la Plagne, en Savoie.

Kevin Rolland connait bien ce rendez-vous incontournable de l’hiver. Malgré son jeune âge, il est une légende du ski freestyle. Il a déjà remporté à deux reprises à Aspen (2010-2011) les épreuves en half-pipe, ce demi- tube de neige qui permet de faire des figures acrobatiques : "Je regarde les X Games depuis que je suis tout petit. Je me levais la nuit ! Gagner, c’était mon rêve et c’est ensuite devenu un objectif".

"Nous ne sommes pas des têtes brûlées"

Malheureusement, l’année dernière, le skieur n’a pas réussi à défendre son titre. Il termine 4e, au pied du podium. Quelques semaines plus tard, il est même contraint d'abandonner sa saison après une blessure au genou gauche à l'entraînement. Opéré, il doit suivre une longue période de rééducation. "C’est sûr qu’on fait un sport dangereux, je l’accepte", confie Kevin Rolland avant d’ajouter qu’après cette longue absence, il se sent toutefois en forme : "Aujourd’hui, je ne me suis pas donné pour objectif de gagner car je ne veux pas me précipiter, mais dans ma tête, je sais que je suis capable. Je n’y vais pas pour terminer 10e !".

Avec des sauts aériens depuis un half-pipe qui culmine en moyenne à 5 mètres de hauteur, les chutes sont souvent spectaculaires. Kevin Rolland refuse cependant de penser aux risques. Le goût de l’adrénaline et de la victoire est plus fort. "Je n’ai pas peur de me blesser, ni de mourir. J’ai plus le stress de la performance, de devoir toujours être au top. Les gens attendent beaucoup de moi vu que j’ai fait de très bons résultats", explique-t-il.

Le skieur estime d’ailleurs prendre toutes les précautions pour éviter les accidents : "Il faut que les gens nous voient à l’entraînement. Nous ne sommes pas des têtes brûlées. On s’entraîne intelligemment car on sait que les carrières sont courtes. On limite le plus possible les skis et on saute sur des matelas ou dans l’eau".

Objectif JO

Agacé par cette image de casse-cou qui colle à la peau de son sport, Kevin Rolland aimerait bien changer les mentalités: "Aux États-Unis, il y a une culture des sports extrêmes. Il y a toujours des pubs à la télé avec des skateurs, des snowboardeurs, etc. Si vous allez dans un skate park, vous allez voir des mecs de 40/50 ans, alors qu’en France, on nous prend juste pour des jeunes drogués !".

Pour populariser sa discipline, il compte sur les Jeux olympiques. En 2014 à Sotchi, en Russie, le ski freestyle en half-pipe sera pour la première fois aux programmes des JO. Un nouveau défi qu’il compte bien relever. "Les JO sont la compétition que tu as avant tout envie de gagner. J’ai tout remporté sauf les Jeux, c’est mon objectif", annonce Kevin Rolland.

En attendant, il s’emploie au quotidien à faire connaître son sport. En compagnie de son ami et adversaire Xavier Bertoni - vainqueur des X Games en 2009 -, il a créé un blog où ils publient des vidéos de leurs compétitions et de leur préparation. Sur fond de paysages magnifiques et de morceaux branchés, les deux "freestyleurs" font découvrir l’univers de la glisse : "C’est toute la richesse de notre sport. Il y a tout un style de vie à côté avec le look et la musique. C’est pour ça que les jeunes l’aiment".

Modèle de toute une génération de skieurs, Kevin Rolland n’explique pas sa réussite. Sur ses skis, il avoue juste être accro aux sensations fortes et chercher à se dépasser : "C’est difficile à décrire. Quand je fais un nouveau saut, c’est un feeling un peu bizarre, on a l’impression que le cœur remonte dans la gorge !". Tête d’affiche de la délégation tricolore, il sera accompagné aux X Games de quatre autres Français. Joffrey Pollard-Villard, Thomas Krief, Benoît Valentin et Anaïs Caradeux s’élanceront aussi cette semaine du mythique"superpipe" d’Aspen.

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