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Aveux de dopage : que risque vraiment Lance Armstrong ?

Lors de l'enregistrement de l'émission d'Oprah Winfrey, Lance Armstrong aurait admis s'être dopé. Des révélations qui pourraient avoir de graves conséquences pénales et financières pour l'ancien septuple vainqueur du Tour de France.

En juillet 2005, après sa septième et dernière victoire sur le Tour de France, Lance Armstrong avait une nouvelle fois balayé les accusations de dopage en répondant ainsi aux rumeurs : "Je le dis à ceux qui ne croient pas au cyclisme, aux cyniques et aux sceptiques : je suis désolé pour vous. Désolé que vous ne croyez pas aux miracles. Dans le Tour de France, il n'y a pas de secrets, c'est une épreuve sportive difficile et c'est le dur labeur qui permet de la gagner."

Sept ans plus tard, son discours a changé. L’ancien champion est passé aux aveux. Selon USA Today qui cite une source anonyme, le cycliste déchu a reconnu s’être dopé lors de l’enregistrement de l’émission d'Oprah Winfrey, qui sera diffusée jeudi 17 janvier aux États-Unis.

Après des années de dénégations, ces révélations ne surprennent personne, mais elles risquent d’avoir des conséquences pour le Texan, aussi bien d’un point de vue pénal que financier.

Une peine de prison ?

En passant aux aveux, l’ex-septuple vainqueur de la Grande Boucle n’a plus rien à perdre sur le plan sportif puisque tous ses titres remportés depuis 1998 lui ont déjà été retirés par l'Union cycliste internationale (UCI). En revanche, sur le plan juridique, il risque d’être reconnu coupable de parjure.

L’ancienne athlète Marion Jones, triple championne olympique aux Jeux de Sidney (2000), qui avait fait, elle aussi, sa confession lors du show d’Oprah Winfrey, avait ainsi passé six mois en prison pour avoir menti aux enquêteurs.

"En disant qu’il s’est dopé, cela apparaîtrait contradictoire avec ses précédents témoignages et le gouvernement pourrait le poursuivre pour parjure, une accusation très grave", estime ainsi le professeur de droit Michael McCann, interrogé par l’AFP.

En novembre 2005, l’ancien coureur de l’équipe US Postal avait ainsi été entendu devant le grand jury d’une cour du Texas dans une affaire l’opposant à SCA Promotions, une compagnie d’assurance. Il avait alors expliqué sous serment qu’il n’avait jamais eu recours à des produits interdits. Pour chacune de ces fausses déclarations, il encourt en théorie une peine maximum de cinq ans de prison.

Mais dans les faits, il est désormais à l’abri d’une condamnation. Dans l’État du Texas, la durée de prescription d’un faux témoignage est en effet de trois ans.

Le ministère de la Justice "peut tout à fait rouvrir le dossier de parjure [abandonné en 2008] et si on peut le prouver, poursuivre Lance Armstrong pour fraude et représentation erronée, avec l’équipe US Postal dotée de fonds publics", explique toutefois Peter Keane, professeur de droit à la Golden Gate University (Californie), à l'AFP.

Vers des négociations

Malgré ces menaces, Lance Armstrong pourrait s’en sortir en négociant avec la justice américaine. Selon le New York Times, il pourrait choisir de témoigner contre des responsables de son ancienne équipe US Postal, mais aussi contre des personnes influentes dans le monde cycliste qui était au courant de son dopage. Il mettrait ainsi en cause l’actuel président de l’UCI Pat McQuaid et son prédécesseur, Hein Verbruggen, président de 1991 à 2001.

En échange, le Texan souhaiterait une réduction de sa suspension à vie des compétitions sportives car il veut de nouveau participer à des épreuves de triathlon.

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Les explications de Patrick Chassé, journaliste sportif spécialisé dans le cyclisme

Des dommages et intérêts ?

Des plaintes de ces anciens sponsors et des donateurs de sa fondation contre le cancer pourraient être aussi déposées au civil.

La société d’assurances SCA Promotions lui réclame les 5,8 millions d’euros versés après sa victoire sur le Tour de France 2004. Le Sunday Times exige également 1,2 million d’euros, six ans après un accord financier conclu avec le coureur cycliste. À l’époque, le journal britannique avait dû remettre 360 000 euros à l’Américain pour diffamation.

De son côté, la Fédération française de cyclisme (FFC) demande près de 3 millions d’euros, une somme qui représente les prix empochés pour ses sept victoires sur la Grande Boucle.

Au total, les aveux de l’ancien patron du Tour de France pourraient lui coûter financièrement près de 10 millions d’euros. Mais même s’il doit finalement reverser cet argent, il est à l’abri de la "banqueroute". Sa fortune est évaluée à 96 millions d’euros, selon le magazine Forbes.