
Les bombardements de l’aviation française qui ont débuté le 11 janvier au Nord-Mali se sont poursuivis tout le week-end. La France, qui a, pour l'heure, envoyé 550 hommes sur place, réclame le déploiement rapide d’un contingent africain.
"La France a attaqué l'islam. Nous allons frapper le cœur de la France." Lundi 14 janvier, au quatrième jour d’intervention française au Mali, Abou Dardar, l'un des responsables du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a laissé entendre que les djihadistes basés dans le nord du Mali, et dont les positions sont bombardées par les forces françaises, pourraient s’en prendre à la France. Selon un proche d’Abou Dardar le "cœur" de la France peut être "partout. À Bamako, en Afrique et en Europe".
Le responsable du Mujao, Abou Dardar, a également évoqué le sort des otages français détenus au Sahel : "Nous allons faire aujourd'hui un communiqué sur les otages. À partir d'aujourd'hui, tous les moudjahidine sont ensemble."
Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) détient depuis le 16 septembre 2010 quatre employés du groupe nucléaire français Areva et de son sous-traitant Satom, enlevés au Niger, et depuis novembre 2011 deux Français capturés dans le nord du Mali. Une septième personne a été enlevée le 20 novembre dans l'ouest du Mali par le Mujao.
Dimanche, pour la seule ville de Gao, fief des rebelles au nord du pays, plusieurs dizaines de djihadistes ont été tués lors d’intenses bombardements des forces françaises, selon plusieurs témoignages. "Le bilan est lourd dans le camp des islamistes. Ils ont perdu énormément en logistique et des hommes. Le chiffre de 60 victimes n'est pas du tout exagéré à Gao. Le bilan est même certainement plus élevé", a indiqué un responsable régional de la sécurité.
Outre Gao où les raids ont été conduits par quatre avions de chasse Rafale, les frappes aériennes françaises ont également ciblé une importante base islamiste près de Kidal, à plus de 1 500 kilomètres de Bamako. Un autre camp de combattants djihadistes a été visé à Léré, près de la Mauritanie, ainsi que plusieurs cibles dans la localité de Douentza, à 800 kilomètres au nord de la capitale Bamako, selon des témoins et une source de sécurité locale cités.
Arrêt de la progression des djihadistes
Répartis entre Bamako et Mopti, les militaires français déployés au Mali sont au nombre de 550, selon le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
"Il y a des raids en permanence. Il y en a en ce moment, il y en a eu cette nuit, il y en aura demain", a déclaré dimanche le ministre de la Défense ajoutant que, sans l’action de la France, Bamako serait tombée aux mains des islamistes en "deux ou trois jours".
Pour sa part, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a indiqué que la progression des groupes islamistes vers le sud du pays était désormais stoppée. Il a également précisé que l'Algérie, pourtant longtemps réticente, avait donné son autorisation pour un survol de son territoire par les avions français.
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Soutien international
Toujours selon Laurent Fabius, plusieurs nations européennes, comme le Royaume-Uni et le Danemark, ont apporté leur "soutien pratique". Londres compte envoyer deux avions pour "aider à transporter rapidement vers le Mali des troupes étrangères et des équipements". En revanche, "aucun personnel britannique en situation de combat" ne sera déployé sur place, a indiqué Downing Street dans un communiqué. Les missions doivent débuter ce lundi, à partir de la base aérienne 105 d'Evreux "qui servira de plate-forme d'appui en France pour acheminer le fret", a précisé à l'AFP le colonel Jean-Pascal Breton, chef du Sirpa Air [Service d'information et de relations publiques de l'armée de l'air, ndlr].
Washington, pour sa part, a également annoncé sa participation : "Les Américains vont nous seconder dans cette opération, à la fois en terme de renseignement et en terme de soutien logistique et de ravitaillement en vol, donc il y a une solidarité totale de la part des États-Unis", a déclaré Jean-Yves Le Drian.
itMobilisation des troupes de la Cédéao
François Hollande, en appelle désormais à la mobilisation rapide des troupes de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dans le cadre d'un mandat conféré par la résolution 2085 adoptée en décembre par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Le président ivoirien Alassane Ouattara, dont le pays exerce la présidence tournante de la Cédéao, a enclenché la procédure permettant l'envoi de 3 300 militaires ouest-africains promis notamment le Sénégal, le Niger et le Burkina Faso qui enverront 500 hommes chacun. Le Bénin a annoncé, pour sa part, la mobilisation de 300 hommes en renfort. Cependant, les experts militaires doutent de la capacité des troupes africaines à reconquérir le nord du Mali. Le Nigeria, qui devrait pourtant prendre la tête de la force de la Cédéao, a lui-même laissé entendre qu'il faudrait du temps pour équiper et former ce contingent.
itSelon les responsables maliens, 11 soldats de l’armée régulière malienne ont trouvé la mort et 60 autres ont été blessés depuis le début de la contre-offensive. Un pilote d’hélicoptère français a également été tué. L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fait état pour sa part d'environ dix civils tués dont trois enfants.
Du côté des djihadistes, aucun bilan n’a, pour l’heure, été communiqué. Un haut responsable du groupe islamiste armé Ansar Dine, Abdel Krim dit "Kojak", a péri dans les combats à Konna, une ville du centre du pays tombée aux mains des islamistes le 10 janvier puis reprise le lendemain, selon une source sécuritaire malienne. Abdel Krim est considéré comme l'un des lieutenants du chef d'Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly.
FRANCE 24 avec dépêches