Quatre dirigeants de la Société générale, dont le président et le directeur général, ont renoncé à leurs stock-options. La banque avait reçu, en décembre 2008, 1,7 milliard d'euros d'aide de la part de l'État.
Reuters - Les dirigeants de la Société générale ont décidé de renoncer à leurs stock-options attribuées en mars, devant le tollé politico-médiatique que leur attribution avait suscité en pleine crise économique.
Après les attaques du président Nicolas Sarkozy, qui avait dénoncé un "scandale" vendredi, Christine Lagarde a réclamé ce geste dimanche.
"Il serait grand temps que Société générale rime un peu plus avec intérêt général", a déclaré la ministre de l'Economie sur Europe 1.
Mercredi, à la veille de la deuxième de journée de mobilisation sociale depuis décembre, la Société générale avait annoncé l'octroi de 320.000 stock-options à quatre de ses dirigeants: le président Daniel Bouton, le directeur général, Frédéric Oudéa, et ses deux adjoints.
Dans une lettre qui doit être adressée lundi aux salariés de la banque française, dont Reuters a obtenu une copie, ils reconnaissent que la mise en place du plan de stock-options "a été jugée très inopportune par l'opinion publique et a suscité une forte indignation". "Pour couper court aux polémiques actuelles, nous avons décidé de renoncer au bénéfice de l'attribution de ces stock-options et en avons informé le conseil d'administration", écrivent-ils.
"Il s'agit de nous donner tous les moyens de préserver, dans une période difficile, nos fonds de commerce et le pacte social de la Société générale auquel nous sommes tous attachés", ajoutent-ils.
Sur le fond, les mandataires sociaux ne reviennent pas sur le bien-fondé du plan d'actions gratuites et de stock-options. Ils estiment seulement qu'ils n'ont pas "su en expliquer les mécanismes intrinsèquement complexes".
Ebranlée en 2008 par l'affaire Jérôme Kerviel, l'un des plus grands scandales de trading de l'histoire, la Société générale a reçu 1,7 milliard d'euros de l'Etat en décembre.
"Les bonus, les stock-options, les rémunérations exceptionnelles, ce n'est pas admissible quand il y a des aides publiques", avait tonné Nicolas Sarkozy à l'issue du Conseil européen de Bruxelles. Un tel dispositif pour un "mandataire social serait un scandale", avait-il dit.
La Société générale avait annoncé dans la foulée que ses dirigeants ne lèveraient pas leurs options tant que la banque bénéficierait d'un appui financier de l'Etat.
"J'espère vivement que les dirigeants de la Société générale auront le sens de l'intérêt général pour aller plus loin. En tout cas, moi, je ne m'en contente pas", a jugé Christine Lagarde.
"C'est le minimum qu'ils pouvaient faire", s'est félicité le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, sur i-Télé à l'annonce de la décision des dirigeants de la banque. "Il ne faut pas se foutre du monde", a ajouté le député, qui s'est dit "très choqué" par l'octroi de ces stock-options.