
Dans un entretien accordé à FRANCE 24, le président Moncef Marzouki se félicite des progrès de la démocratie en Tunisie et du consensus pour éviter une "guerre civile", deux ans après la chute de Ben Ali.
Quelques jours avant le deuxième anniversaire de la révolution tunisienne, le président Moncef Marzouki a reçu FRANCE 24 dans le palais présidentiel de Tunis pour évoquer la transition démocratique dans son pays. Dans cet entretien exclusif, le chef de l’État a salué les progrès réalisés.
"Nous avons réalisé deux choses absolument extraordinaires. La première, c'est une révolution mentale. Aujourd'hui les Tunisiens sont des citoyens, les Tunisiens n'ont plus peur de la police, n'ont plus peur du pouvoir. Il y a eu une révolution politique, les Tunisiens ont la liberté d'expression, la liberté d'association, la liberté de manifester", a déclaré le président de centre-gauche allié au parti islamiste Ennahda qui domine le gouvernement.
"Il n'y a pas de bouton magique"
Moncef Marzouki a aussi souligné l’existence d’un "consensus unique dans le monde arabe" entre "les conservateurs et les modernistes" grâce auquel le pays n’a pas sombré dans "une guerre civile" à l’heure où les tensions restent vives dans les pays voisins qui ont aussi connu le Printemps arabe en 2011.
Le chef de l’État s’est également voulu rassurant sur les sujets qui soulèvent les critiques, comme les menaces sur la liberté d'expression, les droits des femmes ou encore la multiplication des conflits sociaux. "Il n'y a pas de bouton magique [...] il faut du temps", a-t-il déclaré.
Le président a par ailleurs évoqué la situation du Mali, où l’armée régulière, appuyée par les forces françaises, a lancé une contre-offensive face aux groupes islamistes armés qui contrôlent le nord du pays. "La situation au Mali nous inquiète depuis toujours parce qu'on commence à savoir que nos propres djihadistes entre guillemets sont en relation avec ces forces terroristes. On a l'impression que la Tunisie est en train de devenir un corridor entre l'armement libyen et ces régions-là" du Mali, a-t-il affirmé, tout en se gardant d’apporter un soutien clair à l’action de Paris.
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