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Louis Burton, de la mer au désert

Le navigateur Louis Burton n'a pas tardé à rebondir après son abandon sur le Vendée Globe. Pour effacer la déception, il s'est engagé dans une course automobile, l'Africa Eco Race, qui s'est déroulé durant deux semaines jusqu'à Dakar.

Louis Burton est "complètement sur les rotules", mais satisfait. Le marin vient de boucler, à une honorable 39e place, les quelque 6500 km de l’Africa Eco Race au volant de son buggy. La course, qui est partie il y a deux semaines de Saint-Cyprien en France, s’est terminée ce mercredi à Dakar au Sénégal.

"Je suis très heureux d’être arrivé. On a eu tellement de difficultés techniques et sportives. On a cassé la voiture dans les dunes et on a dû réparer nous-mêmes. C’est une grande joie d’avoir traversé tous ces déserts", confie-t-il depuis le Sénégal, joint par téléphone par FRANCE 24.

Oublier le Vendée Globe

Cette compétition a surtout permis au navigateur de se remettre de ses déboires dans le Vendée Globe. Le benjamin de la course autour du monde a été contraint à l’abandon dès le 4e jour de mer, le 14 novembre, après une collision avec un chalutier.

"C’était une manière pour moi de rebondir, il fallait que je fasse quelque chose. Quand vous êtes conditionnés pour partir trois mois en mer, quand vous rentrez, il ne faut pas rester inactif ", explique Louis Burton.

De retour à terre, après seulement une semaine de repos, le jeune marin de 27 ans ne se laisse pas abattre et décide de se lancer dans un nouveau projet. Exit les embruns, et place au sable. Passionné d’automobile, il se renseigne sur les courses et tombe sur le site de l’Africa Eco Race.

Les candidatures pour l’édition 2013 sont déjà clôturées, mais le navigateur réussit à convaincre les organisateurs : "On m’a passé un mail avec le numéro d’un certain Jean-Louis. Je l’ai appelé, et là j’ai compris que j’étais au téléphone avec Jean-Louis Schlesser ! (NDLR : pilote automobile, double vainqueur du Paris-Dakar et quintuple vainqueur de l’Africa Eco Race. Il nous a aidés pour trouver des licences et il a appuyé notre inscription".

Une première expérience de la course automobile

À quelques jours du départ, fin décembre, il ne reste plus à Louis Burton, et son copilote, Arnaud Duchesne, un ami d’enfance, qu’à trouver un véhicule. "On est tombé sur une petite annonce sur le site le Bon Coin pour un buggy. C’était la première fois qu’on en conduisait un !", s'amuse le marin devenu pilote.

Embarqué dans cette compétition avec une vingtaine de motos et une quarantaine de voitures et de camions, le skipper découvre une nouvelle aventure tout aussi physique que les courses en mer : "Il y a une vraie difficulté du parcours avec une alternance des types de route. Il faut s’adapter en permanence. Au Maroc, il y avait des ergs avec des cailloux, et en Mauritanie, des dunes hyper casse-gueules".

Les valeurs des premiers rallyes-raids

En onze étapes, l’Africa Eco Race est une épreuve de haut niveau. Elle emprunte en effet le parcours initial du Paris-Dakar. Créée en 2009, la compétition ambitionne de retrouver les valeurs du rallye-raid en Afrique, à l’opposé du Dakar nouvelle formule qui s’est exilé en Amérique du Sud.

"Il y a une vraie convivialité et une entraide énorme. On a été pris sous l’aile d’une équipe professionnelle. Quand on discutait avec les anciens, ils nous ont dit que le Paris-Dakar, c’était vraiment ça à l’origine", a ainsi constaté Louis Burton. Le jeune Parisien a aussi été séduit par le caractère plus écologique de ce projet sportif. Les organisateurs distribuent à tous les participants des kits couverts réutilisables et certains véhicules sont équipés de panneaux photovoltaïques : "On doit aussi laisser les endroits dans lesquelles on passe, les plus propres possibles. Les bivouacs sont systématiquement nettoyés".

Soucieux de donner une dimension humaine à cette aventure, le pilote a également profité de l’épreuve pour distribuer plusieurs milliers de stylos et des centaines de cahiers dans une école au Sénégal : "Ca fait partie de l’esprit de la course. On se sent utile".

Bientôt de retour en mer

Même en plein désert et malgré la déception, Louis Burton n’a pas manqué de suivre le Vendée Globe et les performances de ses camarades navigateurs : "François Gabart et Armel Le Cléac'h vont très vite. Ils vont arriver d’ici 10 ou 15 jours !". L’ancien participant préfère toutefois ne pas donner de pronostics. "J’avais dit que Marc Guillemot allait gagner, et il a cassé dès le début. Je préfère ne pas porter la schkoumoune à François et Armel !", plaisante le marin.

En attendant le retour des skippers en solitaire, Louis Burton va lui aussi rapidement retourner en mer. Alors que ses prochaines courses sont prévues au mois d’avril, il a déjà en tête son objectif de l’année : l’épreuve transatlantique de la Transat Jacques Vabre dont le départ est prévu début novembre.