Démissionnaire, le président du Conseil italien, Mario Monti (photo), a ironisé sur le fait que son prédécesseur, Silvio Berlusconi, impliqué dans plusieurs scandales sexuels, l'ait attaqué sur le plan des valeurs familiales.
Le chef du gouvernement italien démissionnaire, Mario Monti, a attaqué mercredi sur le thème des valeurs éthiques son prédecesseur Silvio Berlusconi qui a rétorqué en jugeant ses propos dépourvus de "crédibilité".
"Berlusconi a utilisé contre moi des armes inadaptées, comme par exemple les valeurs familiales. Cela se passe de commentaire", a déclaré M. Monti dans une interview à la radio publique Rai, visant manifestement le Cavaliere, impliqué dans de nombreux scandales sexuels.
"Je pense que les valeurs éthiques sont fondamentales et doivent être défendues. Je déteste les partis qui utilisent les valeurs éthiques, que souvent ils ne respectent pas dans le quotidien, comme une arme brandie contre l'adversaire", a-t-il poursuivi, précisant qu'il visait "des membres" du parti de Berlusconi.
Ce dernier, qui se présente pour la 6ème fois aux élections générales des 24 et 25 février, avait affirmé le 31 décembre avoir reçu lui-même "beaucoup d'éloges (ndlr: de l'Eglise) pour des interventions sur les thèmes éthiques, alors que dans le programme de Monti il n'y a pas un mot consacré à ces thèmes si importants pour l'Eglise".
Mario Monti, qui a annoncé fin décembre son intention d'être à la tête d'une liste de partis centristes, s'est une nouvelle fois gaussé des déclarations contradictoires du Cavaliere.
"Berlusconi sème la confusion dans mon esprit sur le plan de la logique et parfois avec ses éloges excessifs. Il n'y a pas longtemps, il m'a offert de guider le centre-droit. Ensuite il a dit que le gouvernement n'avait fait que des catastrophes, puis qu'il avait fait tout son possible. J'espère que les électeurs s'y retrouveront mieux que moi", a-t-il ironisé.
M. Berlusconi a rétorqué dans l'après-midi, affirmant que les propos de M. Monti "n'avaient plus aucune crédibilité" aux yeux des Italiens, puisque le professeur d'économie s'était engagé à ne jamais se lancer en politique lorsqu'il avait pris la tête d'un gouvernement de technocrates en novembre 2011, et qu'il mènera finalement une coalition centriste aux élections générales de février.
"Il était le deus ex machina, il est descendu au milieu des petits partis, dans le petit théâtre de la politique", a-t-il dit dans une interview à la chaîne de télévision SkyTG24.
M. Berlusconi a répété qu'il souhaitait l'instauration d'une "commission d'enquête" sur la façon dont son propre gouvernement était tombé à l'époque, laissant entendre que l'Allemagne avait joué un rôle.
Le Cavaliere a également dit qu'il mènerait la coalition du centre droit, mais a ajouté que cela ne signifiait pas qu'en cas de victoire de son parti, il serait "nécessairement" président du conseil. "Ce sont les partis qui décideront et le président de la République qui désignera" le futur Premier ministre, a-t-il dit.
Le magnat des médias a également critiqué "l'aggravation de la situation économique" sous le gouvernement Monti.
Auparavant, ce dernier avait au contraire jugé que "la lueur au bout du tunnel était plus proche qu'avant". "Et je suis beaucoup plus optimiste qu'avant sur le fait que le tunnel ne s'écroulera pas sur nos têtes", a dit M. Monti.
Ce dernier a promis une baisse de la pression fiscale tandis que son rival Berlusconi s'est engagé une nouvelle fois à supprimer la taxe foncière -réintroduite par son prédecesseur-, dénonçant "le climat de terreur", "l'extorsion" pratiquée, selon lui, par Equitalia, l'agence de collecte des impôts en Italie.
AFP