Dimanche, le président centrafricain a proposé aux insurgés d'entrer dans un gouvernement d'union nationale et s'est dit prêt à des pourparlers de paix sans conditions. La Séléka, quant à elle, attend des actes "concrets" avant toute négociation.
Le président centrafricain François Bozizé s’est déclaré dimanche prêt à former un gouvernement de coalition avec les rebelles et a accepté le principe de pourparlers de paix au Gabon sans conditions préalables.
Le chef de l’Etat, dont le régime est menacé par les insurgés du Séléka dont les forces ne sont plus qu’à 75 km de Bangui, a ajouté qu’il ne briguerait pas en 2016 un nouveau mandat à la tête de la RCA.
Il a tenu ces propos devant la presse à l’issue d’un entretien à Bangui avec son homologue béninois, Thomas Yayi Boni, par ailleurs président en exercice de l’Union africaine. Ce dernier est arrivé dimanche à Bangui dans l'espoir d'instaurer un dialogue après trois semaines d'offensive éclair du Séléka.
La rébellion attend des garanties
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Eric Messi, porte-parole de la Séléka
Mais la rébellion, qui a pris le contrôle samedi de la ville de Sibut, s'installant à 160 km de la capitale, ne semble pas forcément disposée à négocier. En position de force, les rebelles de la Séléka avaient demandé dimanche le départ de Bozizé, tout en menaçant d'entrer dans Bangui.
Interrogé au téléphone par FRANCE 24, son porte-parole Eric Massi "a pris acte de ces propositions" et dit vouloir "les étudier". "L’objectif de la Séléka n’est pas d’entrer dans un gouvernement, mais de permettre au peuple centrafricain d’assumer ses responsabilités afin de conduire le pays sur la voie du développement et de l’épanouissement de l’ensemble des citoyens", a-t-il poursuivi.
Assurant que "l’ensemble du territoire national est sécurisé", Eric Massi dit suspendre l’entrée de la rébellion dans Bangui à des "garanties concrètes de la part du président Bozizé".
"Je n’ai rien entendu sur la cessation des exactions à l’encontre des membres de nos familles de la part du régime. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées et amenées dans des destinations inconnues", dénonce-t-il. "Nous voulons des garanties sur la sécurité de nos familles".
Bangui sous tension
L'avancée des insurgés, qui ont lancé leur offensive le 10 décembre, a entrainé l'instauration d'un couvre-feu dans la ville où tout déplacement a été interdit de 19H00 (18H00 GMT) à 05H00. it
Les explications de l'envoyé spécial de RFI
La France, qui a envoyé 180 soldats supplémentaires ce week-end, a souligné que ses forces n'interviendraient pas dans la crise pour défendre le régime, disant seulement vouloir protéger ses ressortissants et les autres Européens.
Selon une Française résidant à Bangui interrogée par l'AFP, l'ambassade de France a envoyé dimanche matin par sms le message suivant: "Aujourd'hui, recherche de sortie négociée du conflit, prudence, rester chez soi ou chez des amis". En cas d'échec des négociations, elle a estimé que "le risque, ce sont les pillages, les agressions..."
Samedi soir, les rues étaient désertes, tous les restaurants du centre se sont dépêchés de fermer et de nombreux magasins fermés eux aussi étaient gardés par des hommes armés de machettes, par crainte de pillage.
Des barrages de jeunes armés de machettes sont aussi apparus dans les 4e et 8e arrondissements de Bangui, fief du président centrafricain.
FRANCE 24 avec dépêches