
La Syrie a remporté jeudi soir la Coupe d'Asie occidentale en battant l'Irak sur le score de 1 à 0. Une victoire qui, pour les opposants au régime de Damas, ne doit pas faire oublier la guerre civile qui ravage le pays depuis plus de deux ans.
Les Syriens ont eu l’occasion de se réjouir, jeudi 20 décembre au soir, en voyant l’équipe nationale de football brandir la Coupe d’Asie occidentale. La Syrie a en effet remporté le titre en battant l’Irak 1-0, lors de la finale du tournoi au Koweït.
La télévision officielle syrienne a interrompu ses émissions pour annoncer ce premier titre dans cette compétition qui se tient tous les deux ans depuis l'an 2000. Elle a montré en direct la remise de la coupe à l'équipe syrienne et repassant en boucle le but de la victoire et ce succès a été salué par le commandement du parti Baas, la formation au pouvoir depuis un demi-siècle.
Un supporter est intercepté par les stadiers alors qu'il tente d'agiter un drapeau de la révolution syrienne sur le terrain
Depuis près de deux ans maintenant, la Syrie est en proie à un conflit des plus violents entre opposition et régime. Conflit qui s’est depuis mué en guerre civile. Plus de 44 000 personnes ont péri dans les violences et les bombardements, selon un dernier bilan de l’Observatoire national des droits de l’Homme (OSDH).
"La victoire de 11 joueurs qui ont gagné pour tout le pays"
S’il est vrai que les sportifs de l’équipe nationale de Syrie sont taxés d’être proches du régime, la victoire de jeudi semble réjouir dans les deux camps, si l’on en croit les témoignages postés sur les réseau sociaux, où sans faire grand bruit, la nouvelle était partagée par des militants des deux bords. Un groupe Facebook intitulé Chou Ismo (Quel est son nom) a publié sur sa page : "La victoire n'a rien à faire ni avec le président ni avec les rebelles. C'est la victoire de 11 joueurs qui ont gagné pour tout le pays. Ce qui est sûr c'est que tous les joueurs sont syriens : certains sont pro-régime, d'autre sont anti-régime et certains sont neutres."
Dans la vieille ville de Homs, cette victoire n'a pas été accueillie avec joie par le militant anti-régime Abou Bilal. "L'armée a célébré la victoire en nous bombardant", a-t-il dit à l'AFP.
Les stades syriens désertés depuis le début du conflit
Le conflit en Syrie a poussé plus de 50 footballeurs à s'exiler dans les pays voisins et d'autres attendent leur tour. Ruinés, les clubs se sont résignés à laisser partir leurs meilleurs éléments pour empocher l'indemnité de transfert. Des entraîneurs syriens ont également choisi de partir pour la Jordanie, le Liban, l'Irak ou le sultanat d'Oman.
Pour la saison 2010-2011, la phase retour du championnat de football a été annulée, remplacée par un mini-tournoi entre les quatre équipes arrivées en tête à l'issue des matches aller. Mais deux équipes se sont désistées à cause des violences et le titre s'est finalement décidé, ironiquement, lors d'un match opposant l'équipe de l'armée à celle de la police et remportée par cette dernière.
Les violences ont aussi vidé les stades, dans un pays pourtant grand amateur de football.
Ironie du sort, une grande partie des Syriens n’ont pas pu suivre le match de la victoire de jeudi en raison des coupures d’électricité. Certaines villes du pays connaissent des coupures d’électricité de plusieurs jours d’affilée.
FRANCE 24 avec dépêches