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Le choix délicat des cadeaux de la France à l’Algérie

Il est un exercice de style délicat, celui des cadeaux entre chefs d'État. La France a d’ailleurs hésité sur plusieurs cadeaux se rapportant à l’époque coloniale, qui ont suscité de vives controverses.

Le président François Hollande se rend avec plusieurs de ses ministres à Alger les 19 et 20 décembre. Une visite attendue de longue date et qui devrait être riche en symboles, dont les présents que devraient s’offrir les deux chefs d’États, comme le prévoient la tradition et le protocole.

Côté français, la question s’est avérée délicate. Paris avait, dans un premier temps, évoqué l’idée de restituer le canon Baba Merzoug, une pièce légendaire de l’artillerie algérienne (12 tonnes, 7 mètres de long et une portée de 4,8 km) qui protégeait autrefois le port d’Alger. À la prise d’Alger par les Français en 1830, il fût rapatrié en France comme trophée de guerre et érigé au port de Brest. Un présent qui ravirait donc les Algériens, pressés de le récupérer depuis l’indépendance. "Le retour de Baba Merzoug, le plus beau cadeau que la France fera à l’Algérie", avait d’ailleurs titré le "Jour d’Algérie" en novembre 2011.

Sauf que la restitution du canon Baba Merzoug s’est heurtée à plusieurs obstacles juridiques, car cette pièce d’artillerie, propriété de l’Hôtel de Brienne, fait partie de l’histoire de la Marine nationale, également très attachée à ce symbole de la puissance coloniale de l’époque. Le canon de Baba Merzoug ne devrait donc pas être du voyage.

François Hollande ne remettra pas non plus à Abdelaziz Bouteflika les clés de la Casbah d’Alger, idée également évoquée par l’entourage du président François Hollande. "L’Élysée a renoncé à son projet illégal qui rencontrait d’ailleurs une forte résistance au sein du ministère de la Culture", écrit la "Tribune de l’art" dans un article publié vendredi 14 décembre. Les clés d’Alger, remises par le dey [régent, ndlr] Hussein à l’armée française après la capitulation de la ville en 1830, sont aujourd’hui la propriété du Musée de l’Armée à Paris. Elles sont "inaliénables" et "imprescriptibles", précise l’article, sauf en cas de déclassement.

Si pour l’heure, le cadeau de François Hollande à son homolgue algérien n’a toujours pas été officiellement révélé, la "Tribune de l’art" rapporte que le président français devrait rendre au Musée Zabana, autrefois appelé Musée Demaeght, d’Oran un petit tableau de Jean-François Millet, intitulé La Becquée, qui lui avait été volé.

Deux chevaux Barbe pour la France

Côté algérien, plus besoin de chercher : le cadeau est prêt. Et ils trottent sur l’hippodrome d’Alger. Le président Abdelaziz Bouteflika a en effet prévu d’offrir à François Hollande deux chevaux, un étalon et une jument du haras national de Tiaret. . "Le mâle s’appelle Samy et est né en 2011, la femelle porte le nom de Sedja", raconte Saïd ben Abdelmoumen, le directeur du haras.

Ils ne s’agit pas de n’importe quelles bêtes. Elles sont de la race des chevaux Barbe, en référence à Berbère, à ne pas confondre avec le pur-sang arabe. "Il a la particularité d’avoir une vertèbre en moins par rapport aux autres chevaux, ce qui fait que son dos est court", explique à FRANCE 24 Mohamed Cheraoui, éleveur de barbes en Algérie. "Nous l’avons utilisé pour les transhumances, ou pour transporter des marchandises : c’est un cheval qui a fait la gloire de nos ancêtres", poursuit-il avec fierté.

L’histoire de ce cheval remonte aux origines du Magrheb, selon les historiens dont certains affirment que les rois français en étaient eux-mêmes friands.

Comme tous les cadeaux offerts au président, ils appartiendront à la France et devraient rejoindre les haras nationaux.