
Selon le ministre algérien des Affaires étrangères, interrogé par FRANCE 24, Alger n’a pas formulé de requête visant à obtenir des excuses de Paris pour son passé colonial. Mais il a incité Paris à prendre une "initiative intéressante" en ce sens.
La question mémorielle s’impose comme le sujet incontournable en marge de la visite du président français François Hollande en Algérie, ce mercredi. Il devrait, à ce titre, évoquer le passé colonial devant le Parlement algérien, mais a d'ores et déjà annoncé qu’il ne "se laisserait pas enfermer dans une discussion sans fin sur le passé".
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L'"Algérie ne fait pas de demande officielle, mais cela n’interdit pas la France de prendre une initiative qui soit intéressante concernant sa lecture de cette histoire commune", a déclaré Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères, au micro de FRANCE 24 mardi 18 décembre, avant d’ajouter : "Encore une fois, les hommes politiques doivent prendre en considération les sentiments des peuples et de l’opinion publique".
"Transcender des pesanteurs"
Dans une interview accordée à l’AFP la semaine dernière, le président algérien Abdelaziz Bouteflika s’était montré résolument tourné vers l’avenir et avait assuré vouloir "construire une relation forte et dynamique avec la France". Sans évoquer une repentance de la France pour la colonisation, celui qui a réclamé des excuses pendant des années a assuré souhaiter désormais "transcender beaucoup de pesanteurs".
À l’inverse, une dizaine de partis politiques algériens ont fustigé ces derniers jours "le refus des autorités françaises de reconnaître, s'excuser et indemniser, matériellement et moralement, les crimes commis par la France coloniale en Algérie". Et ont également pointé du doigt le gouvernement algérien pour son "indulgence" sur le sujet.
La question mémorielle agite également de l’autre côté de la Méditerranée, divisant profondément la classe politique et les Français. Selon un sondage CSA-BFMTV paru ce mercredi, 35 % des Français pensent que François Hollande ne doit pas présenter les excuses de la France à l'Algérie pour la colonisation, 13 % jugeant qu'il doit le faire et 26 % sous condition de réciprocité d'Alger.