Au lendemain du premier jour de référendum sur le projet de Constitution, les Frères musulmans annoncent que le "oui" est en tête. La clôture du vote a été marquée par des violences entre des islamistes et des membres de l'opposition.
Des islamistes ont attaqué samedi soir avec des bombes incendiaires et de la chevrotine les bureaux cairotes du journal du parti d'opposition Wafd, a-t-on
appris de sources proches des services de sécurité.
Deux personnes ont été blessées et les pompiers ont dû intervenir pour éteindre les flammes.
Mostafa Chafik, directeur de la publication dont les locaux sont à côté du siège du parti, a déclaré que les bureaux du journal avaient été détruits.
Il a ajouté que les forces de l'ordre n'étaient pas intervenues au moment de l'attaque et "à la fin elles ont lancé des grenades lacrymogènes sur les assaillants et sur nous."
Une petite majorité d'Egyptiens a approuvé un projet de Constitution controversé défendu par le président Mohamed Morsi et ses partisans à l'issue du premier tour d'un référendum, ont indiqué dimanche les islamistes et un groupe d'opposition, citant des résultats non officiels.
Le vote qui a eu lieu samedi dans dix gouvernorats dont Le Caire et Alexandrie et se poursuit le 22 décembre dans les 17 autres, s'est tenu après des semaines de manifestations rivales ayant parfois dégénéré en violences meurtrières.
L'opposition, qui exigeait l'annulation du référendum, a finalement appelé à voter "non".
Les résultats non officiels du premier tour, basés sur des comptages fournis par des responsables de bureaux de vote, sont loin de la victoire écrasante espérée par les islamistes pour faire taire une opposition offensive et récompenser le pari de M. Morsi de faire passer le projet de loi fondamentale en toute hâte.
Dimanche matin, le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ) de M. Morsi a indiqué sur son site internet que 56,5% des électeurs avaient voté pour la Constitution.
La presse égyptienne a également fait état d'une victoire du "oui".
La principale coalition de l'opposition, le Front du salut national (FSN), avait annoncé samedi soir après la fermeture des bureaux de vote que près des deux tiers des votants avaient rejeté le texte rédigé par une commission dominée par les islamistes.
Mais l'une des principales composantes de la coalition, le mouvement du Courant populaire, a indiqué dimanche matin sur sa page officielle Facebook qu'environ 56% des électeurs avaient approuvé le texte.
itDes violences entre partisans et adversaires du texte ont eu lieu au Caire et dans la grande ville d'Alexandrie au cours des dernières 48 heures. Samedi soir, la police a repoussé une attaque contre le siège du parti libéral Al-Wafd dans la capitale.
Selon les résultats préliminaires, une majorité a voté contre la Constitution au Caire, bastion de l'opposition.
L'opposition laïque, de gauche et libérale dénonce un texte adopté par une commission dominée par les islamistes, qui ouvre selon elle la voie à des interprétations rigoristes de l'islam et offre peu de garanties pour certaines libertés.
Pour le camp du "oui", l'adoption du texte doterait le pays d'un cadre institutionnel stable après la transition tumultueuse qui a suivi la chute de Hosni Moubarak en février 2011.
Mais les semaines précédant le vote ont été marquées par une grave grise politique qui a divisé le pays, et pour beaucoup d'Egyptiens le référendum s'est transformé en vote pour ou contre la puissante confrérie des Frères musulmans, dont le président est issu.
Les Frères musulmans et leur parti ont mis leur base militante en action pour la campagne, en défendant la "stabilité" et la "légitimité".
"La Constitution n'est pas parfaite (...), mais c'est un pas vers la démocratie", a dit à l'AFP une jeune électrice qui n'a pas souhaité s'identifier.
"Il y a beaucoup de choses dans la Constitution sur lesquelles les gens ne sont pas d'accord, et pas seulement les articles sur la religion", a au contraire dit Sally Rafid, 28 ans.
Des organisations internationales de défense des droits de l'Homme, les Etats-Unis et l'Union européenne ont exprimé des réserves sur le projet de loi fondamentale en raison de formulations pouvant être utilisées pour limiter les droits de l'Homme.
Quel que soit le résultat, "des dégâts durables pour la civilité de la politique égyptienne seront le principal résultat du chemin sur lequel Morsi a mis l'Egypte", a estimé Issandr El Amrani, dans une analyse pour le European Council on Foreign Relations.
"Si le non l'emporte, la présidence de Morsi aura été entièrement discréditée et la pression pour sa démission ne fera qu'augmenter. Si le oui l'emporte, le mouvement de protestation ne cessera probablement pas, (et) et pourrait se radicaliser", a-t-il ajouté.
L'opposition a accusé les Frères musulmans de chercher à "truquer" le référendum, et a prévenu qu'elle ne reconnaîtrait les résultats que si le vote se déroulait dans la transparence.
AFP