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Arche de Zoé : deux ans de prison ferme requis contre les deux ex-dirigeants

La procureur de la République a requis trois ans d'emprisonnement, dont deux ferme, à l'encontre d'Eric Breteau et d'Emilie Lelouch, les deux principaux prévenus du procès de l’Arche de Zoé, et a demandé l’émission d’un mandat d’arrêt.

Une peine de trois ans de prison, dont deux ferme, a été requise mardi au procès de l'ex-président de l'organisation Arche de Zoé et de sa compagne, jugés à Paris dans une affaire de tentative d'enlèvement de 103 enfants au Tchad en 2005.

La représentante de l'accusation, Anne Coquet, a demandé également au tribunal correctionnel de délivrer un mandat d'arrêt contre Eric Breteau et Emilie Lelouch.

Ces derniers se trouvent en Afrique du Sud et ont fait savoir par fax qu'ils n'entendaient ni assister à leur procès ni se faire représenter par des avocats.

Les prévenus sont jugés pour "escroquerie, exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption, aide au séjour irrégulier d'étrangers". La défense va sans doute plaider la relaxe mercredi, après quoi le jugement sera mis en délibéré pendant plusieurs mois.

Anne Coquet a en outre demandé une amende de 700.000 euros contre l'association Arche de Zoé ainsi que sa dissolution.

Elle requiert des peines de prison avec sursis de huit à 18 mois contre quatre autres prévenus, le médecin Philippe Van Winkelberg, le logisticien Alain Péligat, la journaliste Agnès Pelleran et Christophe Letien.

L'accusation pense que les dirigeants de l'Arche de Zoé travaillaient à leur gloire personnelle et ont donc sciemment enfreint les procédures et escroqué les familles en leur faisant miroiter des adoptions. Elles ont versé 700.000 euros au total.

"Le grand absent de ce procès, ce n'est ni Eric Breteau, ni Emilie Lelouch, c'est l'intérêt de l'enfant. Ce doit être une considération fondamentale et primordiale, l'enfant a le droit de ne pas être séparé de ses parents", a dit Anne Coquet.

Arrêtés le 27 octobre 2007 dans l'est du Tchad alors qu'ils s'apprêtaient à emmener en France 103 enfants, six membres de l'Arche de Zoé, dont Eric Breteau et Emilie Lelouch, avaient été condamnés deux mois plus tard à huit ans de travaux forcés par la cour criminelle de N'Djamena pour tentative d'enlèvement.

Ils avaient été transférés en France, où leur peine fut convertie en janvier 2008 en huit ans de prison, avant d'être libérés en avril 2008 à la suite d'une grâce du président tchadien.

Le procès français vise les démarches engagées par l'ONG avant le départ au Tchad. Les enfants finalement pris en charge étaient en fait parfois des enfants tchadiens, non orphelins et recueillis sur place au motif de leur prodiguer soins et éducation dans un orphelinat supposé être construit.

Les chefs de village apportant les enfants dans les centres installés localement étaient rémunérés par l'Arche de Zoé, a établi l'enquête de police. Le jour de l'opération d'évacuation, les enfants avaient été maquillés et pourvus de faux bandages.

Les membres de l'Arche de Zoé ont dit avoir préparé un projet "d'évacuation humanitaire" et assurent avoir obtenu l'appui plus ou moins implicite des autorités françaises.

Reuters