
Accusé de fraude fiscale, le patron de Manwin, une multinationale du porno en ligne, a été arrêté en Belgique. Un coup d'arrêt à l'ascension fulgurante de Fabian Thylmann dans les coulisses du cybersexe.
Coitus interruptus. Le roi du porno sur l’Internet, Fabian Thylmann, a été stoppé net dans son entreprise de bâtisseur d’empire du X en ligne. Cet homme d’affaires allemand âgé de 34 ans a été arrêté la semaine dernière à l’aéroport de Bruxelles. Il se trouve actuellement en détention en Belgique dans l’attente de son extradition vers l'Allemagne où il est soupçonné de fraude fiscale.
La police avait déjà effectué des descentes la semaine dernière dans les bureaux allemands de Manwin - la holding de Fabian Thylmann - et au domicile de ce jeune magnat du cybersexe. Plusieurs ordinateurs et documents avaient alors été saisis selon le quotidien allemand "Die Welt".
L’offensive judiciaire pour savoir si les dessous de l’empire de Fabian Thylman sont fiscalement chics constitue le premier revers sérieux pour cet Allemand à qui rien ne résistait jusqu’à présent. Du moins dans le monde du X. En trois ans, il s’est construit un réseau de sites pornographiques et érotiques qui génère un trafic de 16 milliards de pages vues par mois, soit autant que Wikipédia, d’après une enquête du quotidien allemand "Financial Times Deutschland". Ces principales pépites que sont Pornhub et YouPorn - des clones coquins de YouTube - lui permettent probablement de croquer une part importante des 14 milliards de dollars que génère le porno sur le Net d’après l’Adult Video News (AVN), l’association des professionnels de cette industrie.
Pourtant, lorsque Fabian Thylmann débarque dans le monde du porno en 2009, il n’y connaît rien ou presque. “J’étais et je suis un geek”, expliquait-il en 2011 à l’hebdomadaire "New York Magazine". Programmeur informatique depuis l’âge de 17 ans, il va profiter d’un changement de fond du paysage du porno sur l’Internet pour faire son OPA sur le cyber-cul.
Triomphe du geek
À cette époque, les vieilles gloires du milieu attachées au modèle du payant, comme la maison de production américaine Vivid, se font bousculer sur le Net par des sites qui offrent des cyber-plaisirs gratuits. Les stars du moment s'appellent PornoTube ou PornHub. Ils appartiennent à la société Mansef alors en délicatesse avec la justice américaine. Fabian Thylmann, qui vient de vendre une de ses précédentes entreprises, réussit à mettre la main sur cet empire en devenir pour un montant estimé à plus de 100 millions de dollars, d’après le "New York Magazine".
Commence alors la phase du triomphe du geek. En tant qu’enfant du Web, Fabian Thylmann semble sentir mieux que ses concurrents les tendances sur la Toile. Les revenus générés grâce à la publicité sur ses clones XXX de YouTube lui fournissent l’argent nécessaire pour se diversifier dans des secteurs de niches. Fabian Thylmann se lance ainsi avec Videobash sur le terrain du LoL et des vidéos amateurs comiques. Il veut également monter dans le train des sites consacrés aux potins de stars avec Celebs.com.
Mais le porno reste son terrain de jeu de prédilection. Et dans le milieu, il est devenu incontournable. Preuve de son influence : la vénérable maison Playboy confie à sa holding Manwin, en novembre 2011, les rênes de sa présence sur l’Internet et à la télévision.
Au fil des ans, la holding Manwin de Fabian Thylmann s’est transformée en véritable multinationale qui emploie actuellement près de 1 000 personnes et chapeaute plus de 30 filiales. Et quant il s’agit d’argent, l’homme d’affaires allemand préfère - comme certaines autres stars du Web tels Google, Facebook et Amazon - des États à la fiscalité douce. La maison mère de Manwin est ainsi installée au Luxembourg. Manwin a également des bureaux en Irlande ou encore à Chypre. Une optimisation fiscale qui ne semble pas l'avoir mis à l'abri de la curiosité de la justice de son pays.