
François Hollande a-t-il eu raison d'écrire une lettre à la justice dans le cadre du procès pour diffamation intenté par Valérie Trierweiler contre les auteurs de sa biographie "La Frondeuse" ? Oui, assure l’Union syndicale des magistrats.
François Hollande a-t-il commis une faute en écrivant au juge en charge du procès pour diffamation intenté par Valérie Trierweiler contre les auteurs de sa biographie "La Frondeuse" ? Y-a-t-il eu violation de la séparation des pouvoirs, comme l'évoque l'opposition ? Doit-on parler de pression ? Alors que l'UMP et la presse évoquent "un mélange des genres", l’Union syndicale des magistrats (USM), parle d’une "polémique vide de sens".
"Le président n’a commis aucune faute en écrivant cette lettre, il est dans son bon droit", affirme Christophe Régnard, le président de l’USM. "Ils ont juste apporté leur témoignage dans cette affaire."
L'ouvrage "La Frondeuse", attaqué pour "diffamation et atteinte à la vie privée", évoque une liaison passée entre Valérie Trierweiler et Patrick Devedjian. La compagne du président réclame 80 000 euros de dommages et intérêts et 5 000 euros de frais de justice aux auteurs, Christophe Jakubyszyn, chef du service politique de TF1-LCI, et Alix Bouilhaguet, grand reporter politique à France 2, et à leur éditeur Yves Derai (Editions du Moment).
Dans une lettre manuscrite sans en-tête, le chef de l’État, compagnon de Valérie Trierweiler, a dénoncé "comme pure affabulation les passages du livre [pages 46 et 47] concernant une prétendue lettre jamais écrite". Dans l'ouvrage, les auteurs affirment qu’en 1995, François Hollande avait sollicité, dans un courrier, Patrick Devedjian, qui était alors un fervent supporter du candidat Balladur à la présidentielle, pour qu'il lui organise une rencontre avec lui.
De son côté, Manuel Valls a également écrit un courrier, cette fois sur un papier à en-tête du ministère de l'Intérieur, dans lequel il affirme que les propos qui lui sont prêtés dans le livre "sont souvent approximatifs, partiels et sortis de leur contexte", et que certains d'entre eux lui "sont attribués alors même qu'(il) ne les (a) pas tenus".
"Pas de séparation des pouvoirs, ni pression"
"Ces lettres ne sont en aucun cas un acte de violation de la séparation des pouvoirs ou un moyen de pression", affirme Christophe Régnard, qui rappelle que l’article 67 de la Constitution n’a jamais interdit à un président de témoigner.
"François Hollande a rédigé une attestation pour témoigner dans cette affaire et l’a transmise à l’avocate de sa compagne [Me Frédérique Giffard, NDLR] qui l’a remise au juge, au même titre qu’une dizaine d'autres pièces", précise le président de l’USM. Et de préciser : "Il l’a écrite sur une feuille de papier libre car les faits remontent à 1995, date à laquelle il n’avait pas de statut particulier".
La configuration est la même pour Manuel Valls, assure Christophe Régnard. "Dans son courrier, le ministre de l’Intérieur a écrit sur un papier à en-tête car les propos rapportés dans le livre lui ont été attribués en sa qualité de ministre, note-t-il. L’interview date de juin et a eu lieu à son cabinet".
Ces courriers, qui datent de novembre, sont devenus une affaire dans l’affaire. L'avocate de Valérie Trierweiler, Me Frédérique Giffard, a suggéré de retirer de la procédure ces lettres qu’elle qualifie d'"annexes". L’avocat de l'éditeur, Me Olivier Pardo, tient à les conserver car, dit-il, la défense est en mesure de "produire l'intégralité de l'enregistrement du verbatim de Manuel Valls" et de prouver que les propos rapportés ont bien été tenus.