
Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont finalisé lundi au tribunal du Bronx un accord financier avec Nafissatou Diallo, qui accuse l’ex-patron du FMI d'agression sexuelle. Les détails de la transaction sont confidentiels.
Un accord financier entre Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo a mis fin, lundi 10 décembre, à la saga médiatico-judiciaire qui aura duré plus de 18 mois. Une audience s'est déroulée au tribunal du Bronx à New York, en présence de Nafissatou Diallo, ses avocats, et ceux de DSK. La participation de l’ancien patron du FMI n’avait pas été requise. Le juge chargé du dossier, Douglas McKeon, entendait faire le point sur cet accord afin de s’assurer que Nafissatou Diallo, restée discrète depuis l'été 2011, en approuvait les termes.
Qu’en est-il exactement de cet accord ? Selon "Le Monde" daté du 1er décembre, qui cite des confidences faites par DSK à des amis, l’accord financier atteindrait six millions de dollars - soit environ 4,6 millions d'euros. Des informations aussitôt qualifiées de "complètement fausses" par l'avocat de DSK, William Taylor.
Pour Ron Soffer, avocat aux barreaux de Paris et de New York, ce chiffre semble en effet peu plausible et extrêmement élevé. "Je ne serais pas étonné si on apprenait qe le montant versé était en fait moins élevé", commente Me Soffer qui rappelle que les accords financiers sont extrêmement fréquents aux États-Unis. "Ils évitent un procès long et coûteux à l'issue incertaine", ajoute-t-il.
Les avocats de Nafissatou Diallo avaient tout intérêt à clore ce dossier rapidement, souligne Me Soffer. "Ils n’étaient pas sûrs de gagner cette affaire d’autant que DSK avait été blanchi au pénal", précise-t-il. La procédure pénale a été abandonnée le 23 août 2011, suite aux mensonges répétés de Mme Diallo sur certains aspects de son passé, qui avaient, aux yeux du procureur Cyrus Vance, "sérieusement entamé sa crédibilité de témoin" en cas de procès.
"Ce type de transaction tourne plutôt autour de dix millions d’euros"
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À l’inverse, Pierre Hourcade, spécialiste du droit américain, juge ce montant peu élevé. "Ce type de transaction tourne plutôt autour de dix millions d’euros", indique Me Hourcade, qui rappelle que le tiers de la somme négociée revient généralement aux avocats des plaignants.
"Si le procès avait lieu, estime-t-il, l’ancien patron du FMI aurait certainement dû verser une somme bien plus importante". Cet accord va permettre à Diallo de recevoir l’argent rapidement, selon l'avocat. "Dans le cas d’un procès, elle aurait dû attendre plusieurs années avant de le percevoir", poursuit-il.
Cette transaction, qui n’est en rien un aveu de culpabilité, permet d’éviter à l'accusé d'avoir à donner sa version des faits. Le montant du chèque et d'autres détails resteront confidentiels, comme souvent dans ce type d'arrangement. "Une certitude : DSK a accepté une transaction qui est dans ses moyens", commente Ron Soffer. L’ancien patron du FMI envisagerait d’emprunter trois millions de dollars auprès d’une banque et de solliciter son ancienne partenaire Anne Sinclair pour le prêt des trois millions restants. Une clause de confidentialité figure également dans l’accord. Si Nafissatou Diallo venait à le rompre, DSK serait alors en droit de ne pas lui verser la totalité de la somme.