Jérémy Mattioni, 29 ans, a été tué par balles vendredi à Calvi, portant à 20 le nombre d'assassinats commis depuis le début de l'année dans l'île. Dans la même soirée, une vingtaine d'attentats à l'explosif ont été perpétrés.
Un homme a été tué par balles vendredi en Corse, portant à vingt le nombre d'assassinats depuis janvier dans l'île où une vingtaine d'attentats ont été commis dans la soirée, deux semaines après la visite des ministres de l'Intérieur et de la Justice, Manuel Valls et Christiane Taubira.Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a réaffirmé samedi la détermination "totale" de l'Etat à lutter contre la violence en Corse.
"Ceux qui commettent des crimes, ceux qui font exploser des villas, doivent savoir que la volonté et la détermination de l'État de mettre fin à ces agissements criminels est totale", a déclaré Manuel Valls à la presse, place Beauvau, avant de promettre une "politique de harcèlement contre ces individus".
Jérémy Mattioni, 29 ans, a été tué par balles à 17H40 près de son domicile proche du centre de la station balnéaire de Calvi (Haute-Corse). Son beau-fils de 11 ans a été blessé à ses côtés.
Pris pour cible à bord de sa voiture, ce dirigeant d'un établissement de nuit, est parvenu à s'extraire du véhicule avant de décéder quelques mètres plus loin.
Sorti récemment de prison, il était sous contrôle judiciaire, a déclaré le procureur de la République à Bastia, Dominique Alzéari. Il avait été plusieurs fois condamné pour des vols qualifiés et avait également été mis en examen dans d'autres affaires de vols qualifiés, atteintes aux biens et escroqueries, dans d'autres juridictions qu'en Corse, selon M. Alzéari.
"C'est une exécution d'une violence inouïe, en présence d'un enfant, avec un tir d'achèvement et avec utilisation de plusieurs armes puisque l'on peut voir près du véhicule criblé de balles des munitions d'armes de chasse et certainement d'armes automatiques", a dit M. Alzéari.
L'enfant a été "relativement légèrement blessé" et son pronostic vital n'est pas engagé, selon le procureur.
"Nuit bleue"
Ajoutant qu'il était "trop tôt" pour faire le lien avec d'autres assassinats, il a indiqué que l'enquête, confiée "principalement" à la police judiciaire, mettait en œuvre "la totalité des forces de sécurité publique et d'investigation de l'île, l'ensemble des forces de gendarmerie se mettant au service de leurs collègues et du parquet pour pouvoir travailler en synergie".
Cette mobilisation est "désormais systématique", a souligné M. Alzéari.
C'est la quatrième fois en moins de trois ans qu'un homme est tué par balles avec un ou plusieurs enfants à ses côtés.
L'assassinat de Jérémy Mattioni a été perpétré moins de deux semaines après la visite en Corse du ministre de l'Intérieur Manuel Valls et de sa collègue de la Justice Christiane Taubira, les 25 et 26 novembre.
Dix jours après une précédente visite, au lendemain de l'assassinat à Ajaccio du président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Corse-du-Sud, Jacques Nacer, ils avaient réaffirmé la détermination de l'Etat à enrayer la spirale criminelle dans l'île en luttant notamment contre le blanchiment d'argent sale et la délinquance économique dans des secteurs comme le BTP, l'immobilier, le tourisme, les jeux, la nuit et le sport.
En dépit d'un dispositif sécuritaire très étoffé en Corse, le nombre de policiers et de gendarmes par tête d'habitant étant l'un des premiers de France, aucun des 19 précédents assassinats perpétrés cette année n'a été élucidé. Pas plus que les 22 commis en 2011 et les 17 de 2010.
Le dirigeant portugais d'une importante entreprise de BTP de la côte orientale, en Haute-Corse, particulièrement convoitée et en proie à une forte spéculation foncière et immobilière, avait été tué par balles le 20 novembre, sous les yeux de son épouse et de son fils, une semaine après la visite de M. Valls et Mme Taubira.
Quelques heures après l'assassinat de Calvi, la Corse a été secouée par au moins 24 attentats visant des résidences secondaires dans toutes les régions de l'île.
Cette "nuit bleue", qui n'a pas fait de victime et n'a pas été revendiquée, est la plus importante depuis mai. 23 résidences secondaires avaient été plastiquées.
La plupart des attentats avaient été revendiqués peu après par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC), dénonçant la spéculation foncière et immobilière rendant de plus en plus difficile pour les insulaires de résider dans l'île.
L'organisation clandestine avait aussi revendiqué des attentats contre sept supermarchés d'Ajaccio et de Haute-Corse, en septembre, symboles, selon elle, de la mainmise de la grande distribution sur l'économie insulaire.
Les attentats de vendredi ont été commis à la veille de la Fête de la nation corse, le 8 décembre, jour de l'Immaculée Conception, célébrée par les nationalistes.