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Législatives partielles : test grandeur nature pour le FN, l’UMP et le PS

Ce dimanche, l’élection législative se rejoue dans trois circonscriptions où les résultats ont été invalidés. Ces nouveaux scrutins permettront de prendre la température politique du pays, entre crise à l’UMP et difficultés du gouvernement.

Dimanche 9 décembre, on revote. Pas à l’UMP, mais dans trois circonscriptions françaises où l’élection législative de juin dernier a été invalidée par le Conseil constitutionnel. Ces trois scrutins, dans l’Hérault, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine focaliseront l’attention en raison du contexte politique national, même si, d’ordinaire, ils mobilisent peu les électeurs. Le Parti socialiste et le Front national pourront notamment mesurer les conséquences de la crise qui mine l’UMP.

Dans la sixième circonscription de Béziers, la socialiste Dolorès Roqué espère être réélue. Il y a six mois, elle avait devancé dans une triangulaire le candidat UMP, Elie Aboud, de 10 voix seulement. En octobre, le Conseil constitutionnel avait invalidé l’élection en raison d’"irrégularités substantielles" au second tour. Pour conserver son siège, elle a pu compter sur le soutien du Premier secrétaire du PS, Harlem Désir, et de plusieurs ministres qui se sont déplacés dans l’Hérault ces derniers jours.

La campagne UMP “parasitée par les débats d’ego”

Mais la meilleure alliée de Dolorès Roqué pourrait bien être la division qui ronge l’UMP. Le candidat de droite, Elie Aboud, admet que sa campagne est “parasitée par les débats d'ego” qui rongent son parti, déchiré entre Jean-François Copé et François Fillon depuis l’élection interne contestée du 18 novembre. “Je sens un sursaut de solidarité autour de moi (...), dimanche il y aura un revers pour la majorité socialiste, certes tempéré par la cacophonie au sein de l'appareil (de l'UMP)”, explique néanmoins l’interessé.

De son côté, le Front national espère aussi tirer les marrons du feu après trois semaines de crise ouverte à droite. "Je suis raisonnablement optimiste pour le vote", explique sa candidate, France Jamet, constatant que l'UMP n'"est pas sur un créneau porteur en ce moment". "De ce que je vois sur le terrain, les lignes ont bougé depuis que l'UMP a montré son vrai visage”, poursuit la représentante du parti de Marine Le Pen, qui revendique 600 nouvelles adhésions par jour. De quoi nourrir l’espoir de conquérir un troisième siège à l’Assemblée nationale...

Cette 6e circonscription de l’Hérault est le seul endroit où le Front national peut espérer gagner un siège dans cette élection partielle. En effet, dans les Hauts-de-Seine et dans le Val-de-Marne, l’UMP et le PS devancent largement le parti frontiste, qui ne peut qu’espérer améliorer son score et constater son éventuel progression dans l’opinion.

Hauts-de-Seine : le PS veut renverser l’UMP dans son fief

Dans la 13e circonscription des Hauts-de-Seine, le Parti socialiste peut espérer créer la surprise en renversant l’homme fort du département, l’ex-ministre UMP Patrick Devedjian. Une victoire du jeune Julien Landfried viendrait réconforter la majorité présidentielle alors que les critiques pleuvent sur le gouvernement dans le dossier Florange.

“Patrick Devedjian aborde cette nouvelle élection en position de faiblesse”, a estimé le candidat socialiste de 34 ans dans une interview au "Nouvel observateur" après l’invalidation du scrutin de juin dernier, le suppléant du député UMP sortant étant déjà suppléant d’un sénateur. Il y a six mois, 191 voix seulement séparaient Landfried et Devedjian. À droite, la mobilisation générale a donc été décrétée pour tenter de conserver ce bastion historique. L’UMP a même enterré la hache de guerre pour venir en aide à l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy. Le 4 décembre, le filloniste Devedjian a partagé la scène de son meeting à Bourg-la-Reine avec le patron des députés UMP, le copéiste Christian Jacob, la “non-alignée” Nathalie Kosciusko-Morizet ou encore le maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin, qui appartient à l’Union des Démocrates et indépendants (UDI) lancée récemment par Jean-Louis Borloo. Une belle photo de famille pour faire oublier la crise à l’UMP.

En revanche, la droite aborde la dernière élection partielle, prévue dimanche dans la première circonscription du Val-de-Marne, en ordre dispersé. Le sortant Henri Plagnol, membre de l’UDI qui bénéficie de l’investiture officielle de l’UMP, affronte le dissident Sylvain Berrios et une candidate divers droite, Pascale Luciani, soutenue par des responsables de l'UDI. Dans ce contexte, le candidat socialiste Akli Mellouli espère rattraper les voix qui lui ont manqué en juin dernier, quand il avait recueilli 47,23 % au second tour. L’opposition compterait alors un siège de moins au palais Bourbon et la guerre des chefs à l’UMP, une victime de plus...