Des affrontements nocturnes entre partisans et adversaires du président Mohamed Morsi ont fait au moins cinq morts au Caire. Face à ces violences, l'armée égyptienne a déployé des chars devant le palais présidentiel.
L'armée égyptienne a sommé les manifestants de quitter les abords du palais présidentiel au Caire jeudi à 15H00 GMT et annoncé une interdiction de se rassembler près du complexe à la suite d'affrontements nocturnes meurtriers.
La Garde républicaine, une unité de l'armée chargée de protéger la présidence, "a souligné la nécessité d'évacuer les abords du palais présidentiel d'ici 15H00 GMT et décidé d'interdire les rassemblements aux alentours" du complexe, selon un communiqué publié par la présidence.
La décision a été prise après une rencontre entre le président Mohamed Morsi, son ministre de la Défense et d'autres responsables du gouvernement.
Cinq manifestants sont morts dans la nuit de mercredi à jeudi lors d'échaufourrées entre opposants et partisans du président Mohamed Morsi. Quatre d'entre eux ont été tués par balle. Près de 450 personnes ont également été blessées.
Il s'agit des pires violences dans le pays depuis l'élection du chef de l'État. Durant toute la nuit, les deux camps se sont affrontés à coups de bâtons, de cocktails molotov et de jets de pierres.
À l'appel des Frères musulmans, des milliers de personnes s'étaient dirigées vers le palais dans l'après-midi pour soutenir le président Morsi et sa réforme de la Constitution. Les heurts ont débuté lorsque ces derniers ont tenté de démanteler les tentes dans lesquelles se trouvaient des opposants au régime qui accusent le chef de l'État de s'engager sur la voie d'un régime dictatorial.
Le projet de Constitution au cœur des tensions
La crise politique semble s’être durablement installée en Égypte et rien n’indique que la tension cristallisée par la bataille sur le projet de Constitution, qui doit remplacer la loi fondamentale suspendue après la chute de Hosni Moubarak, va retomber de sitôt. Les 234 articles du texte, qui ont été récemment adoptés à la hâte par une commission constituante convoquée en urgence, doivent être soumis à référendum le 15 décembre.
itLe Front de salut national en première ligne
Outre les laïcs et les jeunes révolutionnaires, c’est le Front de salut national qui est en première ligne contre le pouvoir. Il appelle, en effet, à la désobéissance civile pour lutter contre ce qu'il considère comme une tentative de "kidnapping" du pays au détriment du peuple. Ce mouvement, qui regroupe des partis de gauche, des libéraux et des socialistes, compte parmi ses membres l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et Mohamed el-Baradeï, qui fut candidat à la dernière présidentielle. Ses demandes sont simples : l’abrogation du décret présidentiel qui empêche toute contestation en justice des décisions présidentielles dans l'attente de l'élection d'un nouveau Parlement, l’annulation du référendum et la mise en place d’une Assemblée constituante davantage représentative de la population égyptienne.
itLe président islamiste assure, quant à lui, que son décret est "temporaire" et qu'il vise à accélérer les réformes démocratiques. De leurs côtés, Les Frères musulmans et leurs alliés du parti salafiste Al-Nour, qui ont organisé une vaste manifestation de soutien au président Morsi samedi, s'estiment en mesure de mobiliser suffisamment d'électeurs pour remporter le référendum du 15 décembre malgré l'appel au boycott lancé par plusieurs juges et organes médiatiques. Le bras de fer continue.
FRANCE 24 avec dépêches