
Sur fonds de manifestations, le gouvernement irlandais doit dévoiler, ce mercredi, un nouveau budget d'austérité qui doit lui permettre d'économiser 3,5 milliards d'euros.
De nouvelles hausses d'impôts et davantage de coupes dans les dépenses : telle est la ligne directrice du budget d'austérité que l'Irlande présente ce mercredi 6 novembre. Grâce à cette rigueur renouvelée, Dublin espère économiser 3,5 milliards d'euros.
Cela fait maintenant trois ans que l'Irlande - qui a bénéficié d'un plan de sauvetage international en 2010 - applique sans discontinuer une politique de rigueur. En échange d’un prêt international de 67 milliards d’euros, Dublin a, en effet, accepté de réduire son déficit public de façon drastique, de 30 % de son PIB en 2010 à 11 % cette année. Sa détermination dans l'austérité a valu à Dublin le titre de "bon élève" du Fonds monétaire international (FMI).
Mais, dans les rues de Dublin, les Irlandais qui subissent le contrecoup de cette austérité ne trouvent pas qu'être le "bon élève" du FMI leur a apporté grand chose. Les manifestations sont ainsi devenues monnaie courante. Selon un récent sondage, la majorité des Irlandais craint de ne plus pouvoir faire face à ses obligations financières une fois que le gouvernement aura mis en œuvre son nouveau budget.
"Il s’agit pour les deux tiers de réduction des dépenses et pour un tiers de hausse des taxes. Les gens en ont assez, ils voudraient que les riches paient plus, mais le gouvernement n’augmente pas certaines taxes sur les entreprises pour ne pas décourager l'embauche", analyse Ingrid Miley, journaliste pour la RTE (le service public de radio et télévision irlandais).
Désamorcer la bombe sociale
En première ligne des nouvelles mesures budgétaires : les retraités et les bas salaires. Leurs cotisations sociales sont en hausse, et toutes les formes d’aide en baisse. Pour la première fois par ailleurs, le gouvernement veut instaurer une taxe immobilière. "Cette taxe va ajouter de 400 à 600 euros à nos factures domestiques annuelles, des sommes que les gens n’ont pas. Il n’est pas juste que l’Europe et le gouvernement irlandais nous imposent ces mesures d’austérité. Nous disons non au FMI, non à la Banque centrale européenne, non au gouvernement irlandais", s'emporte Joanne Pender, comptable et mère de deux enfants.
Face à cette grogne, le gouvernement assure que sa stratégie commence à faire ses preuves. "Il y a 18 mois, l’économie irlandaise était en chute libre. Aujourd’hui, elle se redresse. Ce qui a permis ce redressement est en grande partie notre capacité à attirer les investissements étrangers", assure Lucinda Creighton, ministre irlandaise des Affaires européennes.
Le principal syndicat patronal tente, lui aussi, de désamorcer la bombe sociale actuelle. "L’environnement économique est loin d’être aussi difficile que les années précédentes et les familles vont bientôt ressentir cette amélioration : il y aura ainsi des opportunités d’emploi, une hausse modeste des salaires", affirme Fergal O’Brien, économiste en chef à la Confédération irlandaise des employeurs (Ibec)