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Alors que les tensions entre Bagdad et Ankara sont vives depuis plusieurs mois, l'Irak a interdit, mardi, l'atterrissage de l'avion transportant le ministre turc de l'Energie Taner Yildiz (photo) à Erbil, capitale du Kurdistan irakien.

Victime des tensions exacerbées entre Bagdad et Ankara, l'avion transportant le ministre turc de l’Énergie, Taner Yildiz, n’a pas eu le droit d’atterrir dans la ville d’Erbil, capitale du Kurdistan, région autonome du nord de l’Irak. L'appareil a dû atterrir à Kayseri, dans le sud-est de la capitale turque.

Taner Yildiz devait assister à une conférence internationale sur le gaz et le pétrole et y rencontrer des responsables kurdes pour parachever la conclusion d'un accord énergétique avec les autorités du Kurdistan. 
"Nous n’avons interdit à aucun avion d’entrer dans notre espace aérien (...) mais nous avons des législations spéciales pour le vol de certains avions", a déclaré aux agences de presse Nasser Bandar, le chef de l’Autorité de l’aviation civile irakienne. "Les Emirats arabes unis, la Jordanie et la Turquie ont transmis une demande d’obtention d’autorisation pour des vols privés et nous avons refusé ces trois requêtes car elles allaient à l’encontre des lois et régulations irakiennes", a poursuivi M. Bandar, précisant que le contrôle de tout l'espace aérien de l'Irak relève du gouvernement central à Bagdad, même pour la région autonome du Kurdistan.
L'affaire Tarek Hachémi
Mais, si le gouvernement irakien a invoqué des "raisons techniques" pour justifier sa décision, cet incident intervient alors que les relations entre Bagdad et Ankara sont particulièrement tendues depuis plusieurs mois.  
Ankara refuse en effet d’extrader Tarek Hachémi , vice-président sunnite d’Irak condamné à mort dans son pays et réfugié en Turquie depuis décembre 2011. Son arrestation a été ordonnée par le Premier ministre irakien, le chiite Nouri al Maliki, qui l’accuse d’avoir dirigé des "escadrons de la mort".
En représailles, début novembre, le gouvernement irakien a exclu la compagnie pétrolière turque TPAO d'un important contrat d'exploration dans le sud de l'Irak. En octobre, le gouvernement irakien a réclamé  au Parlement l'abrogation d'accords autorisant les bases militaires étrangères sur son sol, une décision visant les bases militaires turques situées à Dohouk, une des trois provinces de la région autonome du Kurdistan irakien. Ces accords, signés par Saddam Hussein en 1995,  permettent  à l'armée turque d'avoir une présence dans les régions septentrionales de l'Irak afin de traquer le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le spectre d'un conflit ethnique 

De son côté, alors que de nombreux griefs opposent Bagdad et Erbil, Ankara s’est rapproché de l’administration autonome kurde du Nord irakien. Au cœur des tensions entre le gouvernement central et la région autonome : l’exploitation des hydrocarbures. Le gouvernement irakien reproche au Kurdistan de signer des contrats avec des compagnies pétrolières étrangères en se passant de son aval.

Des négociations entamées pour tenter d’apaiser les relations entre Erbil et Bagdad ont d’ailleurs échoué cette semaine, faisant craindre au Premier ministre irakien Nouri al-Maliki un "conflit ethnique". "Si un conflit éclate, ce serait malheureux et douloureux, et ce sera un conflit ethnique", qui n'est "pas dans l'intérêt des Kurdes, ni des Arabes, ni des Turkmènes", a déclaré M. Maliki lors d'une conférence de presse à Bagdad.
France 24 avec dépêches