Des échauffourées ont éclaté mercredi entre adversaires et partisans du chef de l'État égyptien aux abords du palais présidentiel de Héliopolis, au Caire. Les opposants continuent de dénoncer la dérive autoritaire du pouvoir.
Malgré ses divisions, l’opposition a marqué des points en Égypte où elle tente de faire reculer le président Mohamed Morsi, accusé de dérive autoritaire. La police anti-émeutes est intervenue, mercredi 5 décembre au soir, pour tenter de séparer les opposants et les partisans du chef de l'État qui s'affrontent devant le palais présidentiel au Caire.
Le projet de Constitution au cœur des tensions
"Dégage !", "Le peuple veut la chute du régime" : les manifestants ont notamment scandé les slogans phares de la révolution qui a renversé l’ancien raïs Hosni Moubarak, en février 2011. La police anti-émeutes a fait usage de gaz lacrymogènes pour tenter de les disperser, en vain, et a battu en retraite. Cet évènement est le plus radical de l’importante série de mobilisations enregistrée ces derniers jours contre le président Morsi. À noter également que des opposants ont manifesté sur l'emblématique place Tahrir, dans le centre du Caire, mais aussi à Alexandrie (nord) et dans les villes de Sohag et Minya (centre).
La crise politique semble s’être durablement installée en Égypte et rien n’indique que la tension cristallisée par la bataille sur le projet de Constitution, qui doit remplacer la loi fondamentale suspendue après la chute de Hosni Moubarak, va retomber de sitôt. Les 234 articles du texte, qui ont été récemment adoptés à la hâte par une commission constituante convoquée en urgence, doivent être soumis à référendum le 15 décembre.
Le Front de salut national en première ligne
Outre les laïcs et les jeunes révolutionnaires, c’est le Front de salut national qui est en première ligne contre le pouvoir. Il appelle, en effet, à la désobéissance civile pour lutter contre ce qu'il considère comme une tentative de "kidnapping" du pays au détriment du peuple. Ce mouvement, qui regroupe des partis de gauche, des libéraux et des socialistes, compte parmi ses membres l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et Mohamed el-Baradeï, qui fut candidat à la dernière présidentielle. Ses demandes sont simples : l’abrogation du décret présidentiel qui empêche toute contestation en justice des décisions présidentielles dans l'attente de l'élection d'un nouveau Parlement, l’annulation du référendum et la mise en place d’une Assemblée constituante davantage représentative de la population égyptienne.
itLe président islamiste assure, quant à lui, que son décret est "temporaire" et qu'il vise à accélérer les réformes démocratiques. De leurs côtés, Les Frères musulmans et leurs alliés du parti salafiste Al-Nour, qui ont organisé une vaste manifestation de soutien au président Morsi samedi, s'estiment en mesure de mobiliser suffisamment d'électeurs pour remporter le référendum du 15 décembre malgré l'appel au boycott lancé par plusieurs juges et organes médiatiques. Le bras de fer continue.
FRANCE 24 avec dépêches