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Malgré l'opposition d'Israël et des États-Unis, l'Assemblée générale de l'ONU s'apprête à voter une résolution accordant à la Palestine le statut d'État non membre des Nations unies.

Les Palestiniens devraient acquerir, ce jeudi, une nouvelle stature internationale en accédant au rang d'Etat observateur non membre à l'ONU, malgré l'opposition d'Israël et de son allié américain.

Peu avant 22 heures (GMT+1), le président palestinien Mahmoud Abbas a pris la parole, pendant une vingtaine de minutes, pour présenter à l'Assemblée générale de l'ONU son projet de résolution octroyant à la Palestine, actuellement "entité" observatrice, le statut "d'Etat observateur non membre".

"L'Assemblée générale de l'ONU est invitée aujourd'hui à produire un acte de naissance de l'État de Palestine dans sa réalité", a-t-il lancé aux 193 pays membres avant le vote. Il a affirmé que ce vote constituait la "dernière chance de sauver la solution à deux États" (Israël et un État palestinien) et a promis de "tenter de ranimer les négociations" de paix.

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Mahmoud Abbas devant l'Assemblée générale des Nations unies

Après l'intervention de Mahmoud Abbas, l'ambassadeur israélien à l'ONU, Ron Prosor, a immédiatement réagi en qualifiant la résolution de "déséquilibrée" et en affirmant qu'elle "ne changera pas la situation sur le terrain".

Des propos déjà tenus plus tôt dans la journée par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui a déclaré qu'un vote positif de l'Assemblée "ne va pas faire avancer la création d'un État palestinien (mais) au contraire va l'éloigner". Cependant, Israël a annoncé qu'il n'annulerait aucun accord conclu avec les Palestiniens.

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Déclarations de Benjamin Netanyahou avant le vote à l'ONU

Devant le Comité de l'ONU sur les droits inaliénables du peuple palestinien, en présence de M. Abbas, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a demandé solennellement aux dirigeants palestiniens et israéliens de "ranimer le processus de paix", qui est dans l'impasse depuis deux ans, en reprenant des "négociations directes".

Le projet de résolution "exprime l'espoir que le Conseil de sécurité considèrera de manière favorable" la candidature de la Palestine comme membre à part entière, déposée en septembre 2011 par M. Abbas mais torpillée au Conseil par une menace de veto américain.

Il appelle aussi à une reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes pour qu'un Etat de Palestine puisse coexister "aux côtés d'Israël en paix et en sécurité, sur la base des frontières d'avant 1967".

Menaces de sanctions

Ce texte est assuré de recueillir la majorité simple requise pour son adoption parmi les 193 pays membres. L'enjeu est davantage dans l'ampleur de la victoire palestinienne et dans les conséquences sur le terrain et au sein de l'ONU.

"A 130 voix pour, pas de quoi pavoiser mais si c'est 150 ou 160 ce sera un succès", analyse un diplomate occidental.

La date de jeudi n'a pas été choisie au hasard : il s'agit de l'anniversaire de l'adoption par l'ONU en 1947 du plan de partage de la Palestine mandataire, qui prévoyait un Etat juif et un Etat arabe.

Les Etats-Unis voteront contre, comme le Canada.

Pour Washington et Israël, seule la négociation directe peut mener à la création d'un Etat palestinien. De leur côté, les Européens arrivent divisés à ce vote. Sur les 27 pays de l'Union européenne, une douzaine sont en faveur de la résolution dont la France. Mais Berlin va s'abstenir et Londres hésite encore. La Russie s'est dite favorable, comme la Turquie et la Suisse.

L'Union européenne a rappelé jeudi qu'elle était "prête à reconnaître un Etat palestinien au moment opportun" mais que la priorité était de reprendre les négociations. Plusieurs des Européens, selon des diplomates, estiment que le moment est mal choisi et redoutent aussi que Washington ne coupe les vivres aux agences de l'ONU auxquelles les Palestiniens, avec leur nouveau statut, pourront adhérer.

Ce qui inquiète de leur côté Israéliens et Américains, mais aussi les Britanniques, c'est la possibilité qu'auraient désormais les Palestiniens de rejoindre la Cour pénale internationale et d'y porter plainte contre Israël. Des responsables palestiniens ont évoqué cette hypothèse si Israël poursuit sa politique de colonisation en Cisjordanie.

Israël et les Etats-Unis ont brandi la menace de sanctions en cas de vote positif. Le Congrès pourrait ainsi refuser de verser 200 millions de dollars d'aide promis aux Palestiniens. Israël pourrait bloquer les taxes qu'il perçoit pour le compte de l'Autorité palestinienne, réduire le nombre de permis de travail pour les Palestiniens, voire abroger les accords de paix d'Oslo de 1993.

En compensation, la Ligue arabe a promis aux Palestiniens un "filet de sécurité" de 100 millions de dollars par mois.

FRANCE 24 avec dépêches