
Jair Bolsonaro a reconnu avoir utilisé un fer à souder pour ouvrir son bracelet électronique, dans une vidéo rendue publique par la Cour suprême. © via Reuters - SEAPE
L'ex-président brésilien Jair Bolsonaro a été placé, samedi 22 novembre, en détention provisoire après avoir tenté d'ouvrir son bracelet électronique avec un fer à souder. Par "curiosité", dit-il, alors que la justice l'accuse d'avoir voulu s'évader.
En résidence surveillée depuis plusieurs mois, l'ancien chef d'État d'extrême droite (2019-2022) a été condamné en septembre à 27 ans de prison pour tentative de coup d'État visant à empêcher le retour au pouvoir de son rival de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, son tombeur à la présidentielle d'octobre 2022.
Conduit samedi dans les locaux de la Police fédérale à Brasilia, Jair Bolsonaro, 70 ans, était assigné à résidence et sous surveillance électronique depuis août dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de tentative d'obstruction à son procès.
Dans sa décision consultée par l'AFP, le juge Alexandre de Moraes, en charge du dossier, explique qu'il s'agit d'une détention provisoire et non de l'exécution de sa peine - que l'intéressé essaie d'empêcher par des recours.
Un "risque élevé de fuite"
Selon le magistrat, l'ancien chef de l'État a tenté samedi de "casser" son bracelet électronique dans l'espoir de s'évader à la faveur d'une manifestation prévue en fin de journée par ses partisans près de son domicile dans la capitale. Il évoque un "risque élevé de fuite".
Jair Bolsonaro lui-même a reconnu avoir attaqué le dispositif avec un fer à souder, dans une vidéo de l'inspection réalisée par la police venue chez lui une fois le signalement reçu.
À la policière qui, manipulant le bracelet à sa cheville, l'interroge sur les traces très visibles de brûlure de l'appareil et lui demande s'il a employé un fer à repasser, il répond : "Non, un fer à souder". Par "curiosité", ajoute-t-il sur un ton décontracté.
Son fils aîné, le sénateur Flavio Bolsonaro, avait appelé à une veillée de prières près de chez l'ex-président.
Le rassemblement ouvrait une "possibilité de tentative de fuite vers une des ambassades proches de sa résidence", selon le juge Moraes, soulignant la proximité de l'ambassade des États-Unis.
Jair Bolsonaro est un allié du président américain Donald Trump. Dénonçant une "chasse aux sorcières" contre lui, le milliardaire républicain a infligé en représailles une surtaxe punitive au Brésil, jusqu'à une détente récente et à la levée des droits de douane sur de nombreux produits.
24 heures pour fournir des explications
L'ex-président, dont l'état de santé est délicat selon ses proches, a été conduit dans un complexe de la police où les détenus sont soumis à des examens médicaux avant d'être envoyés en prison.
Une source proche du dossier a envoyé à l'AFP une vidéo montrant la petite chambre dans laquelle il est détenu pour le moment, équipée d'un climatiseur, d'une télévision et d'un mini-frigidaire.
Le juge Moraes a donné 24 heures à sa défense pour fournir des explications sur l'incident.
"Cette histoire de bracelet électronique est un narratif pour tenter de justifier l'injustifiable", a tempêté devant la presse l'avocat Paulo Cunha Bueno. Pour lui, cet appareil a pour seul fin de l'"humilier".
La défense a annoncé qu'elle ferait appel de cette détention provisoire, et averti que "son emprisonnement pourrait mettre sa vie en danger".
Dans un live sur les réseaux sociaux, Flavio Bolsonaro s'en est directement pris au juge Moraes : "Si mon père meurt là-dedans, ce sera de ta faute", a-t-il lancé.
Séquelles d'une attaque au couteau
La Cour suprême a formellement rejeté la semaine dernière l'appel interjeté par l'ancien président. Mais sa défense compte encore déposer des appels supplémentaires jusqu'au dernier délai lundi.
Vendredi, elle avait demandé qu'il reste chez lui pour purger sa peine en arguant de son état de santé "profondément affaibli". L'ex-président souffre notamment des séquelles d'un coup de couteau reçu à l'abdomen en 2018.
La situation judiciaire de Jair Bolsonaro laisse son camp sans champion désigné pour la présidentielle de 2026, alors que Lula a déjà dit qu'il briguerait un quatrième mandat.
Avec AFP
